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Critique de Jelisetalors


Après avoir découvert ce nouveau genre littéraire (nouveau pour moi j'entends), je me suis laissée tenter par ce premier one-shot de Floriane Soulas, après l'avoir vu passer en story Instagram sur le compte de la très sympathique @lemon_june_ , et également un peu partout. L'univers totalement inconnu m'a poussée à acheter ce roman quasiment dès sa sortie. J'ai choisi de l'inclure dans ma courte PAL de Juillet, car il me faisait de l'oeil depuis sa réception, et j'avais le sentiment que j'allais adorer cette lecture, et je n'ai pas été déçue.

L'histoire commence avec Violante, surnommée Duchesse ; amnésique sans âge travaillant dans un bordel et jalousée par toutes les autres filles. D'entrée de jeu, on la découvre après une passe avec un client et on est directement plongé dans l'univers sordide de la jeune femme. Agissant plus comme un « robot » et par habitude, elle s'est même créée le personnage de Duchesse pour essayer de se déconnecter de la réalité, de dissocier la jeune femme qu'elle doit être et celle qu'elle recherche désespérément à être. Les descriptions sont riches et nombreuses, et on a aucun mal à s'imaginer parmi les personnages, pouvant presque sentir l'atmosphère glauque et sale des bas-fonds de Paris.

Tout au début, j'avais le sentiment que l'intrigue allait principalement se concentrer sur Violante et sa recherche de bribes du passé. Mais très rapidement, la Rouille fait son entrée et vient bousculer toute notre enquête : je me suis sentie aussi frustrée que notre héroïne qui du coup se lance à corps perdu dans la recherche du meurtrier de son amie Satine. Notre histoire va prendre une tournure différente de la petite enquête tranquille qu'on s'imaginait mener avec ce petit brin de femme.

Les personnages côtoyant le bordel, Léon le proxénète, suivi par ses bras droits, la mère maquerelle ainsi que les autres filles y travaillant, ont été très bien construits selon moi. Des personnages peu recommandables, certes, mais tellement criants de vérité. Mention particulière à Léon le proxénète, qui s'avère posséder un coeur et ressentir des émotions après tout...
Les personnages les plus complexes selon moi sont le Compte de Vaulnay et un autre personnage que je ne prendrais pas le soin de détailler ici sous peine de le spoiler. Des personnages très durs et torturés, que vous prendrez autant plaisir à découvrir qu'à haïr (ou aimer d'ailleurs).

Ce qui m'a le plus bluffée, c'est tout l'univers qui découle du genre Steampunk. Je découvre la capitale sous un autre jour, avec des repères familiers (la Tour Eiffel ou encore le nom des places célèbres, de rues...) et d'autres totalement imaginaires (la Lune a été colonisée, des animaux mécaniques existent, une substance est utilisée pour fabriquer des prothèses pour les humains et plein d'autres choses...).

La ville, décrite ici à la fin du XIXème siècle, affublée d'un dôme en son centre, est entourée par les quartiers pauvres et la Ferraille (les enfants m'ont d'ailleurs fait penser aux enfants perdus de Peter Pan). L'ambiance générale du roman est assez sombre (tueur rodant et massacrant femmes et enfants), mais je me suis sentie happée, presque envoûtée par cette cité loin de mon époque, mais avec des signes évidents de modernité. J'étais vraiment dans l'histoire, marchant aux côtés des personnages principaux. Si bien que j'ai lu le livre en deux sessions, ne pouvant me détacher de l'histoire. Concernant le déroulement de l'intrigue, après avoir été un peu déstabilisée au départ, j'ai tellement aimé découvrir des indices au fil des aventures vécues par les personnages ! Les scènes sont décrites avec tellement de détails, et bien que sur un principe un peu complexe (la fabrication de la drogue etc...) on comprend très bien ce que nous explique l'auteure. L'univers glauque et moderne à la fois, les descriptions d'objets plus merveilleux les uns que les autres : tout dans ce roman m'a donné envie d'y vivre : je découvre également que c'est une époque que j'apprécie (car normalement mon dada ce sont les années folles).

Ce roman nous fait bien fonctionner les méninges. Il y est question de recherche de soi, de quête d'identité, mais la vraie question posée est : ais-je besoin de savoir d'où je viens pour savoir où je vais ? En gros, est-ce que le fait de ne pas savoir qui elle est vraiment va perturber notre héroïne pour son futur, ou est-ce qu'au contraire, elle va se servir de son amnésie pour prendre une sorte de nouveau départ ? Il est également mis en évidence que lorsqu'une « crise » éclate, ou qu'un événement grave se produit, bien souvent ce sont les enfants et les femmes qui sont les premiers à en faire les frais (et je vous donne dans le mille : oui, des gens de la classe populaire, voire pauvres).

Il y a eu quelques petits moments que j'ai cependant moins appréciés. le passage ou Violante prend une dose de drogue et a des « flashs » de son passé. Certes, la drogue utilisée est censée provoquer cet effet, mais j'ai trouvé que ça arrivait un peu trop tôt dans le livre et surtout : un peu trop riche en souvenirs (trop d'infos d'un coup pour moi). J'aurai aimé voir notre héroïne « galérer » un peu plus pour aller sur les traces de son passé...Cependant les infos récoltées font leur bout de chemin dans notre tête, car on entame une vraie réflexion sur ce qui a pu arriver à notre héroïne : je pense donc que c'était en fait très pertinent, elles sont comme des miettes de pain laissées au lecteur pour qu'il trouve le chemin tout seul.

Quelques révélations avaient d'ailleurs germé en tant que probabilités dans ma tête. Heureusement, le final, on ne le voit pas venir totalement (même si on est tout de même bien mis sur la piste). J'ai trouvé la toute fin du roman un peu rapide et j'ai ressenti une légère frustration, mais je comprends le choix de l'auteure !

Floriane Soulas m'a fait découvrir le monde merveilleux du SteamPunk, et je renouvellerai l'expérience de lire ce genre avec plaisir (je vais d'ailleurs de ce pas réfléchir à la question).
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