AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Hale_Bopp


C'est un parti original qu'a pris l'auteur en modifiant la carte géopolitique, en inversant les rôles pour mettre une famille française au coeur d'un camp de réfugiés en Sicile dans l'espoir d'atteindre la terre d'accueil : la Tunisie. le propos de départ est donc simple : ça pourrait bien vous arriver à vous, qui vous croyez bien à l'abri.
Nous voilà donc dans le camp d'Agira, avec Philippe, dit Pip, sa soeur et son père. Après la suppression pure et simple de l'Irlande avec une bombe à particules Z, une guerre élargie à plusieurs pays européens, un nuage toxique, la mort de leur mère, les enfants ont finalement fui la France avec leur père.
C'est un roman d'une grande richesse, beaucoup de choses y sont abordées, la pauvreté, la faim, l'amitié, le fanatisme religieux, la société avec ses écarts de richesse, le regard de l'autre, l'amour, la sexualité, la survie, la maladie, le handicap… et tout est traité avec une grande justesse sans jamais aucun misérabilisme. C'est sans doute l'avantage d'avoir mis des enfants au centre du récit, les enfants s'adaptent, ils ont la vie chevillée au corps et sont souvent le moteur de leurs parents. C'est parfois drôle, souvent touchant.

J'ai été prise par cette histoire du début à la fin. J'ai du mal à trouver les mots justes et c'est plutôt bon signe, signe que ça a touché quelque chose de profond, là où justement les mots ne suffisent pas. Cette histoire vient titiller ce qui reste de notre humanité dans ce monde régi par des codes complexes, par l'argent, où chacun doit avancer pour lui-même. le communautarisme est fortement pointé du doigt, celui de la culture, du pays, de la tranche sociale, de la religion. Dans cette société à taille réduite, tout se rejoue et les rapports humains sont au coeur du récit, la famille aussi.

Soulier a choisi de donner une touche de fantastique à son histoire en faisant revenir en morts-vivants tous ceux (ou presque) qui calanchaient. Je ne sais pas dans quel but il l'a fait, mais ce qui transparait dans la transformation, c'est que certains deviendront des mordeurs et d'autres pas. On trouve alors une démarcation entre la nature humaine considérée comme bonne (les plus jeunes zombies ne sont jamais mordeurs) et ce que la société, notre éducation font de nous… si on les laisse faire. Et puis, s'il le fallait, rappeler que nous sommes tous des morts en sursis.

Le texte est le récit de Pip, qui atteindra finalement l'âge canonique de 84 ans, écrit par sa fille. Pip qui, pour raison de guerre, n'a pu aller à l'école et parle avec des approximations. C'est un texte qui surprend par cette retranscription, arrachant des lettres, modifiant des expressions. J'ai, au début, été vaguement dérangée par les erreurs toujours enfantines (« toute même » pour « tout de même » par exemple) de Pip, quand il peut par ailleurs utiliser des mots peu usités voire un peu savants et des tournures complexes. Si ça semble plus qu'improbable quand le personnage est comme ici le narrateur, ce mélange de styles est aussi un peu la marque Soulier, poussée là à son paroxysme.
Commenter  J’apprécie          30



Acheter ce livre sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten
Ont apprécié cette critique (3)voir plus




{* *}