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Critique de JCanonne


Allez Hop, chronique express...

Vous connaissez le principe : je dis ce que je pense d'un bouquin ou d'un film sans réfléchir et sans chercher à réécrire. C'est du tout venant!

Aujourd'hui : L'APPEL DU DIEU-VENTRE, de Frédéric Soulier

Jamais réussi à le blairer ce mec. Jamais réussi à comprendre, sans doute parce que je suis ce que l'on appelle communément un connard, l'attrait que certains ont pour la plume de ce monsieur (par plume, j'entends la manière d'écrire hein, pas un autre quelconque appendice). Pour tout avouer, j'avais un gros mais alors un très gros apriori sur ce gars. D'ailleurs, je m'étais un peu embrouillé avec lui sur un groupe FB. Il fait le mariole, et je déteste ça. Faut dire aussi que je fais aussi, de temps en temps, le mariole, alors je me suis peut-être senti en concurrence avec lui. Bref, Frédéric Soulier, je l'ai un peu conchié pendant quelque temps. Mais, je vous l'ai dit : je suis un connard, rancunier qui plus est.

Il n'empêche que l'on m'en a dit du bien. J'ai fait la grimace, vous vous en doutez. On m'a dit qu'il écrivait bien. J'ai fait la grimace, vous vous en doutez. On m'a dit qu'il avait du talent. J'ai fait la grimace, vous vous en doutez. Et puis, je me suis décidé à choper l'une de ses oeuvres. Ouais, comme ça, car, vous allez me croire ou pas, j'aime découvrir les auteurs par leur plume et non pas par leur paraître (une chose que l'on oublie un peu trop en ces moments où on se fout de l'être pour le paraître, même chez les auteurs). Et j'ai choisi l'Appel du Dieu-Ventre. le titre me plaisait, le résumé également. La couverture aussi...

Parlons-en de cette couverture, tiens. Moi, elle me botte. Elle sort des sentiers battus (et abattus). Elle sort du lot. le problème des couvertures actuelles demeure dans l'unique fait qu'elles ont tendance à s'uniformiser. Au moins, avec le cas Soulier (et non pas le cassoulet, désolé mais je voulais la faire, celle-là), ces couvertures donnent le ton et elles se remarquent. C'est un bon point. Un détail, peut-être, mais un bon point qui mérite d'être souligné.

Comme je suis une feignasse invétérée, voici le résumé de l'auteur :
“ En 1757, le navigateur hollandais van Huydt signale pour la première fois l'île Wilson. Dans son journal, l'écrivain de bord la décrit comme « une langue morne et paresseuse de sable blanc, déserte, entourée par de dangereux récifs qui en interdisent l'accès ». le capitaine consigne son emplacement sur sa carte mais la situe deux cents kilomètres trop à l'ouest. À cette époque en effet, les instruments manquaient de précision dans les longitudes et les positions étaient souvent déterminées à l'estimation.
Il faut attendre 1893 pour que l'île soit redécouverte. Lord Timothy Wilson, capitaine du HMS Tantalus, repère une passe à l'ouest entre les brisants. Il fait mettre une chaloupe à la mer avec six hommes et débarque sur ce « paradis perdu où l'homme n'a jamais laissé ses empreintes ». Croit-il...
Wilson plante le pavillon britannique, mais pendant ce temps la houle se lève et les sept hommes resteront bloqués trois jours sur l'île avant de pouvoir rejoindre leur bâtiment.
Par la suite, l'île change deux fois de souveraineté. Rétrocédée aux Pays-Bas en 1903, elle redevient britannique en 1936. Elle n'est plus visitée jusqu'en 1961 où une expédition franco-britannique débarque cinquante tonnes de matériel afin de construire une station météorologique sur ce carrefour cyclonique, et récolter de précieuses données. En 1970, le terrassement des fondations d'une extension met au jour des ossements humains, ainsi qu'une cassette renfermant un manuscrit et deux carnets de croquis.
le contenu de ce journal intime est si choquant qu'il a à l'époque été décidé de n'en rien révéler. En 2008, des fouilles archéologiques ont permis de confirmer une partie du récit de l'auteur. En 2013, suite à des fuites et de nombreuses rumeurs sur des forums occultes et sites internet conspirationnistes, décision a été prise d'en divulguer l'entièreté.
Afin de restituer le plus fidèlement l'état psychologique de l'auteur, les ratures, les solécismes, fautes d'orthographe et de grammaire, les oublis et les répétitions de mots, absents au début du récit, ont été reproduits tels quels (les mots en gras soulignés signalent les mots raturés dans le manuscrit). “

Oui, je sais, le résumé est long. Cependant, il se justifie amplement afin de bien planter le décor. Un décor que la plume de l'auteur ne détrempe pas. Elle est d'une justesse assez exceptionnelle. Avec une facilité assez déconcertante, un peu comme l'a fait Neil Gaiman avec Stardust, elle nous porte vers l'époque où se situe le récit. Un récit ? Oui, mais davantage un journal écrit à la première personne.

Sans trop en dire et spoiler cette nouvelle, c'est par la biais de son auteur “d'origine” que l'on plonge. Oui, on plonge via son côté épistolaire. Entre les découvertes naturelles et fascinantes liées à la vision d'un nouvel environnement jusqu'à une réalité crue, dégueulasse et effrayante. La folie est là, palpable. Et elle nous confronte à ce que l'humain a de plus cruel dans sa volonté de survivre. Tuer pour vivre ou vivre pour tuer. Difficile à dire. Manger pour vivre ou vivre pour manger. Difficile à dire (bis). Et, surtout, un sentiment difficile à décrire.

Et pourtant, là où beaucoup d'autres auteurs auraient donné dans la facilité, à grand renfort d'effet gore et d'hémoglobine, l'auteur choisit une voie moins aisée, et, avec sa propre voix, ils nous fait glisser dans le déraisonnable (dans le sens de la perte de la raison). L'homme devient un animal, il perd ses repères et sombre, tel le bateau qu'il l'a emmené si loin de son foyer. Pas un mince exploit que de définir des sentiments aussi âpres en une soixantaine de pages. Néanmoins, Frédéric Soulier y parvient, avec les honneurs en plus. Quel enfoiré...vraiment, quel enfoiré...

Il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis. L'adage est vrai, mais le contraire l'est également. Alors, me voilà bien avancé...surtout au moment de ma conclusion...Est-ce que Frédéric Soulier mérite d'être lu ? Assurément. Est-ce que “L'Appel du Dieu-Ventre” est une excellente nouvelle ? Assurément. Est-ce que l'auteur, malgré qu'il soit un trolleur de première catégorie, est talentueux ? Assurément.

Même si cette oeuvre ne sera pas à mettre entre toutes les mains, elle n'en demeure pas moins d'une intensité rare. Style parfait. Plume en adéquation avec l'époque. Sentiments paradoxaux parfaitement rendus. Oui, j'ai beaucoup aimé. Oui, et peut-être qu'à une certaine époque cela m'aurait fait mal de le dire, j'aime beaucoup ce que fait Frédéric Soulier. Et je ne manquerai pas, quand le temps me le permettra (difficile de concilier lecture et écriture quand on est modeste auteur) de prendre une de ses nouvelles (au hasard) afin de me conforter dans cette idée.
Lien : https://www.facebook.com/not..
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