Citations sur Platon à la plage (76)
Comprendre, c’est alors se souvenir de la vérité que notre âme a croisée autrefois, souvenir délicieux qui illumine encore et toujours nos vies terrestres, souvenir qui explique la joie de comprendre, qui est alors le bref surgissement d’une plénitude à moitié perdue. « La vérité jaillit soudain dans l’âme, comme la lumière jaillit de l’étincelle. »
Socrate prétendait qu’il désirait s’instruire et feignait l’ignorance. Il demandait à son interlocuteur de définir une idée. Par exemple il sollicita le prêtre Euthyphron afin qu’il définisse la piété. Qui mieux qu’un prêtre pourrait éclairer l’infortuné Socrate sur ce point ? Euthyphron s’exécuta mais ses réponses plus que confuses étaient passées au crible par le taon d’Athènes et se montraient insuffisantes, imprécises et contradictoires.
Les penseurs de la Grèce ont été athlètes. Pythagore aurait remporté un prix au pugilat, Euripide le dramaturge a vaincu ses adversaires aux jeux d’Éleusis. Platon lui-même aurait participé aux jeux olympiques. L’entraînement au gymnase donnait une prestance, une grâce qui distinguait l’homme éduqué du paysan courbé vers la terre ou de l’homme grossier de basse extraction dont on raillait la lourde démarche. Tous les citoyens fréquentaient le gymnase, car il aurait été vulgaire de ressembler à un paysan ou d’avoir une mollesse de fille.
Socrate n’apprend rien du tout à ses interlocuteurs, il n’a pas de doctrine à transmettre. Transmettre, cela signifierait que le maître possède un savoir qu’il déverserait dans l’esprit d’un disciple passif et réceptif. Mais le véritable savoir n’est pas ainsi, l’élève ne reçoit pas le savoir comme il recevrait une chose toute faite, sinon ce serait un savoir constitué d’opinions qu’il suffirait de répéter, un savoir encyclopédique nourri de préjugés. Or la philosophie dénonce justement le règne de l’opinion qui est un substitut de pensée. La répétition de ce que l’on entend, de n’importe quelle idée qui n’est ni pensée, ni comprise, ni non plus passée au crible de l’intelligence. Un esprit qui adhère ainsi aux opinions de son époque n’est pas un esprit vivant mais un simulacre d’esprit qui a renoncé à la vie spirituelle.Enseigner pour Socrate consiste à éveiller les facultés de l’âme, faire resurgir l’intelligible. Dans la confrontation avec Socrate l’esprit est contraint de s’interroger, de se serait un savoir constitué d’opinions qu’il suffirait de répéter, un savoir encyclopédique nourri de préjugés. Or la philosophie dénonce justement le règne de l’opinion qui est un substitut de pensée.
Ainsi on comprend que Socrate proclame : « Tout ce que je sais, c’est que je ne sais rien. » (Apologie de Socrate 21d) Aussi n’enseigne-t-il rien. Il se contente de faire découvrir au disciple ce qu’il sait déjà.
Comment pouvons-nous déclarer qu’une chose est belle sans savoir au moins confusément ce qu’est la beauté ? Car notre monde ignore la beauté absolue. C’est, dirait Platon, que surgit alors par le phénomène de la réminiscence, une lueur qui nous éclaire dans la nuit, qui est le souvenir d’une beauté absolue que l’âme a contemplée ailleurs.
La poésie seule peut évoquer cette âme voyageuse, immatérielle et par là, immortelle. Mais Platon reste évasif sur la réincarnation ; ce qui lui importe, c’est qu’au cours de ces vagabondages l’âme revient dans son lieu d’origine où elle a contemplé les Idées : le Beau, le Vrai le Bien.
Ce désir de savoir chez Platon est inséparable de l’Éros, de l’amour. L’amoureux est tendu vers l’objet de ses feux, il cherche à exprimer son amour, raconte, écrit avec passion, compose des poèmes, car tout sentiment amoureux est loquace. De même, chez Platon tout discours qui recherche la vérité, n’est pas pur goût de l’abstraction mais relève de l’inspiration, du désir amoureux.
La dialectique n’est pas une controverse, une joute intellectuelle entre deux esprits rivaux, la dialectique n’est jamais une lutte entre deux personnes mais au contraire une alliance entre deux personnes qui cherchent le vrai.
Le projet politique de Platon se fortifie au cours de ces événements dramatiques. Il lui faut savoir comment une cité pourrait être bien gouvernée. Ainsi, malgré ces troubles, malgré la crainte d’appartenir à une famille suspecte, malgré le chagrin d’avoir perdu autant de membres de sa famille, Platon continue à suivre les leçons de Socrate, apprenant peu à peu la méthode dialectique, merveilleux moyen d’attendre le vrai.