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Critique de Yvan_T


Il aura fallu que mes collègues blogueurs mettent ce pavé dans leur top de l'année 2023 pour qu'il termine enfin dans ma PÀL. Pourtant, je ne connaissais pas l'auteur, la couverture ne m'attirait pas du tout et ne parlons même pas du nombre de pages qui ne donnait pas forcément envie de prendre des risques. Un roman que j'ai donc ouvert très prudemment, que j'ai entamé sur la pointe des pieds et qui m'a totalement englouti après seulement quelques pages.

« La porte du vent » s'ouvre à Paris, au coeur d'un règlement de comptes entre la triade chinoise de Shen Li et le clan mafieux juif dirigé par la famille Nathan. Cette rixe particulièrement violente étonne tout le monde car les deux clans ont toujours évité de toucher à la drogue pour rester en-dessous des radars de la police judiciaire et ont surtout toujours travaillé main dans la main, l'un gérant les trafics en tous genres et l'autre blanchissant ensuite l'argent sale. En charge de l'enquête, le commandant Paul Dalmate décide d'ailleurs de remonter jusqu'à la genèse de cette collaboration, dans les tranchées de la première guerre mondiale, afin de saisir tous les tenants et les aboutissants du conflit.

La première partie de ce roman imaginé par Jean-Marc Souvira plonge le lecteur dans le milieu de la pègre et du crime organisé en France. Commissaire divisionnaire au sein de la police judiciaire pendant près de trente années, l'auteur parle en connaissance de cause et n'a aucun mal à nous plonger immédiatement dans le bain, de sang en l'occurrence, mêlant réalisme et suspense à ce récit qui démarre comme un thriller en compagnie d'un commandant Paul Dalmate particulièrement malmené.

Puis, subitement, lors de la deuxième partie du roman, l'auteur quitte la petite histoire pour nous plonger dans la grande, accompagnant des Chinois depuis le village de Kaifeng jusque dans les tranchées de la première guerre mondiale. En manque de main d'oeuvre dans les usines à cause du départ des hommes au front et en manque de poilus pour combattre les Allemands, les autorités françaises vont d'une part rapatrier des ouvriers chinois de tous horizons et d'autre part intégrer des soldats américains noirs, baptisés les Hellfighters, au sein de leurs troupes. Cette immersion soudaine dans l'horreur de l‘Histoire est non seulement admirable et particulièrement didactique, mais elle permet surtout de ressortir des tranchées en compagnie de frères d'armes qui ont noué des liens forts, peu importe leur couleur de peau ou leur religion…

Une fois ce retour en arrière terminé, le lecteur comprend non seulement mieux les liens entre les différents protagonistes, mais s'est surtout foncièrement attaché à ces protagonistes qui ont survécu à l'horreur de la guerre. Il peut dès lors revenir en région parisienne pour le dénouement tant attendu de l'intrigue, accompagné des fantômes de Zhang, Jen Tin, Chaïm Richter, David Fleisher et Fu Pei.

Crime organisé, guerre des tranchées, acuponcture, fraternité, héritage et transmission… un mélange copieux difficile à digérer ? Et bien non, un gros coup de coeur !
Lien : https://brusselsboy.wordpres..
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