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Critique de Foxfire


Je connais finalement peu l'oeuvre de Spinrad. J'avais adoré l'énergisant "Police du peuple", j'avais beaucoup aimé "les années fléaux" (enfin 2 nouvelles sur 3, la dernière était insupportable). J'avais été séduite par le mélange efficace et bien dosé entre propos engagé et divertissement. "Continent perdu" se place dans cette même veine.
Avec ce récit post-apocalyptique, Spinrad réussit l'exploit d'évoquer en à peine 115 pages un futur angoissant et un présent pétri d'injustices.

Sur le versant de la menace de catastrophe écologique, Spinrad se montre particulièrement convaincant et très visionnaire. On a du mal à croire que "continent perdu" a été écrit en 70. le récit de Spinrad est plus que jamais d'actualité. L'auteur pointe ici du doigt l'absurdité de l'arrogance des pays riches et développés qui ont su, croient-ils, dompter la nature, la maîtriser. Ils l'ont tant maltraitée, oubliant qu'ils avaient besoin d'elle. Ceux-là pourraient bien subir les terribles conséquences de leur vanité. La visite guidée d'une mégalopole dévastée est saisissante. le peuple du métro m'a fait penser à une des nouvelles du recueil "les années fléaux" du même Spinard. Cette image de ville dévastée, désertée, où les derniers Humains ont dû se réfugier sous terre et ont quelque peu dégénéré semble être une obsession chez Spinrad. L'auteur en profite également, à travers ces personnages, à dénoncer la société de consommation. Ces êtres qui reproduisent machinalement, par habitude, des gestes représentatifs du consumérisme de l'ancienne civilisation, gestes qui n'ont plus lieu d'être, m'ont un peu rappelé les zombies de Romero qui erraient dans le centre commercial.

Outre la menace écologique qui plane sur notre futur, Spinrad nous parle aussi du monde actuel (même si le texte a été écrit en 70, rien n'a changé depuis). L'auteur dénonce le comportement de la puissante Amérique vis à vis de l'actuel Tiers-Monde. Mais pour ce faire, il utilise un procédé efficace et audacieux : l'inversion des rapports de domination. Dans le récit de Spinrad, la défunte Amérique subit la violence, les railleries et le mépris de la toute-puissante Afrique. Cette inversion des rôles met astucieusement en lumière l'absurdité et l'iniquité du sentiment de supériorité des grandes puissances actuelles envers les pays en voie de développement.

L'engagement et la pertinence du propos alliés à un sens du rythme efficace et à une plume de qualité font décidément de Spinrad un auteur passionnant à lire.

Challenge Petits plaisirs 2016 - 43
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