Citations sur L'accusé (12)
Nul n'échappe au trépas. Cycle impitoyable des naissances et des disparitions. Pourquoi continuer à donner la vie, si donner la vie, c'est donner la mort ?
Quand je vois des enfants sourirent, que ce soient des gamins des rues ou des neveux et nièces, je me dis parfois : « Qu'il sont bêtes ! ». « Bêtes » d'être nés pour mourir, « bêtes » d'être nés sans avoir rien demandé. S'ils avaient pu décider, peut-être auraient-ils choisi de ne pas naître.
Je ne comprendrai jamais, p. 55
Mais réussir ses études, ce n'est pas réussir sa vie.
Ma vie est un échec. Il n'y a rien d'autre à ajouter.
Le cri d'un écrivain, p. 25
Khun Srun fait partie de cette génération d'écrivains qui arrive à maturité à la fin des années 1960 et au début des années 1970, pendant le court « âge d’or » des lettre modernes cambodgiennes. Citons rapidement quelques noms : Chou Thani, Chhut Khay, Ha Chhay Hok, Koy Sarun, Laing Peng Siek, Nuon Khoeun, Soth Polin, Vong Phoeurn, Yim Guechsè. Tous, nés pendant la Seconde guerre mondiale. Tous, symboles de la réussite du système éducatif mis en place par le prince Sihanouk.
Tous, morts sous les Khmers rouges ou bien exilés.
Christophe Macquet, Préface, p. 11
L'hôpital nous oblige à regarder notre destinée en face. Notre destinée macabre. Une naissance non choisie, puis la course inéluctable vers la mort.
L'accusé, p. 103
De toute façon, nous nous retrouverons tous, un beau jour, au même point d'attente.
Je ne comprendrai jamais, p. 65
Parfois, s'exiler, c'est sauver sa vie.
Le cri d'un écrivain, p. 37
Nous n'avions pas demandé à naître.
Nous étions inconscients. Et voilà qu'on nous extirpe des entrailles d'une mère différente. L'un sort : sa mère est aimante et attentionnée. L'autre sort : sa mère, juste après l'accouchement, le cale contre sa hanche et recommence son labeur de misère. L'un a déjà une voiture, une maison, des gens qui s'affairent autour de lui. L'autre vit dans une cabane, tiraillé par la faim, exposé au soleil, aux intempéries, aux moustiques.
Éternité de l'appareil judiciaire. Éternité du système carcéral. C'était comme ça il y a cinquante ans, il y a cent ans, il y a mille ans. Ce sera la même chose dans cinquante ans, dans cent ans, dans mille ans.
Mon histoire est banale. Une histoire de captivité parmi des milliers d'autres.
L'accusé, p. 92
Je pense à ces jeunes, qui ne craignent pas la mort, parce qu'ils débordent de sève, parce qu'ayant pu vécu, ils n'ont pas grand chose à perdre. A ces jeunes que toutes les révolutions utilisent. A ces jeunes que toutes les révolutions envoient au combat, au front, parce qu'ils y sont plus efficaces que les vieux.
Je pense à ceux que l'on manipule comme des pions, sur les champs de bataille. A ceux qui font, sur ordre, le sacrifice de leur vie.
CE N'EST PAS POSSIBLE que des hommes se découpent ainsi, pour que d'autres hommes les réparent!