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Critique de Zora-la-Rousse


Clairement adepte des lectures post-apocalyptiques, j'ai développé au fil d'entre elles une certaine forme d'exigence : le désir d'être surprise, de voir mon plaisir une nouvelle fois renouvelé…
Je vous laisse deviner le niveau de mon attente devant cette phrase tout aussi énigmatique que prometteuse en bas de la couverture du roman d'Emily St John Mandel : « Parce que survivre ne suffit pas »… Pas de suspense : j'ai été comblée.

La jeune auteure canadienne réussit là un joli tour de force dans ce roman très bien maîtrisé et qui intègre déjà parfaitement les ingrédients inhérents au genre : une épidémie foudroyante, le chaos qui s'ensuit puis l'organisation des survivants en mode survie.

L'originalité du récit réside en fait dans le choix de suivre une troupe itinérante d'acteurs et de comédiens qui trouvent dans leur mode de vie et leur art le moyen de survivre au cataclysme et de contribuer à leur manière à entretenir l'espoir d'une reconstruction collective dans la perpétuation de la culture d'avant… Et qui mieux que Shakespeare pour incarner la renaissance d'une civilisation, lui qui a connu les terribles désastres de la peste en son temps…

Le plus agréable pour moi a certainement été ce positionnement détaché de tout procès fait au monde d'avant, de l'hypothèse classique selon laquelle l'homme s'est mené seul à sa propre perte. Sa démonstration est tout autre et porte plutôt sur l'incapacité de l'être humain à profiter du moment présent pour s'accomplir et vivre réellement sa vie. La technologie n'est pas en elle-même le danger, mais bien l'utilisation qui en est faite. Et cette prise de conscience doit en partie conditionner l'avenir.

Il reste enfin cet oeil critique porté sur la célébrité, dans le milieu du spectacle notamment, qui finit par abîmer irrémédiablement ceux qui s'approchent trop près de la lumière. Là encore, l'auteur nous rappelle la nécessité du « rester vrai », de ne jamais oublier d'où on vient pour avoir la main sur où on va ; de se garder la possibilité de dire stop et de reconnaître ses éventuelles erreurs pour s'offrir la possibilité de repartir du bon pied.

Station Eleven est au final un livre d'espoirs, avec tout le recul et l'humilité requise.
Pour moi, la découverte d'une auteure que j'aurai grand plaisir à explorer dans d'autres registres…

merci aux babeliotes qui ont attiré mon attention avec talent sur cette jolie trouvaille ;)
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