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Critique de Colchik


Deuxième opus du norvégien Gunnar Staalesen, ce roman installe durablement la figure du détective privé Varg Veum dans le panorama de la littérature policière nordique. Si Gunnar Staalesen n'a pas la renommée de son compatriote Jo Nesbø, son analyse de la société, encore beaucoup plus sombre et désabusée que celle de ce dernier, possède peut-être plus de profondeur.
Veum a abandonné son travail d'éducateur pour ouvrir un bureau d'enquêtes où le client se fait rare. Divorcé de sa femme Beate, il ne voit plus son jeune fils Thomas qui grandit loin de lui. Il tente très inégalement de compenser son penchant pour l'alcool par l'exercice physique, mais il n'est pas certain que l'équilibre se fasse tant le sentiment d'avoir raté sa vie l'envahit.
En ce début de printemps, un enfant vient le trouver pour qu'il lui ramène sa bicyclette volée par un groupe d'adolescents délinquants regroupés autour de leur chef, Joker. Veum, n'ayant rien de mieux à faire et ému par le bambin, décide d'affronter la bande pour rendre son vélo au petit Roar. du même coup, il fait connaissance avec sa mère, la très jolie Wenche Andresen, séparée de son mari Jonas. le désarroi de la jeune femme abandonnée le touche et il n'hésite pas à l'aider quand elle le sollicite. Il accepte même de rencontrer Jonas pour régler une affaire financière. Quand ce dernier est poignardé dans le vestibule de l'appartement familial, Veum décide d'enquêter pour prouver l'innocence de Wenche.
Amateurs d'action, passez votre chemin, il n'y en a quasiment pas chez Staalesen qui explore plutôt la veine du polar à la Simenon. Veum enquête dans une banlieue populaire au sud-ouest de Bergen, dans une cité de logements sociaux, où la population vivote entre petits boulots et aides de l'État. Ses visites se cantonnent à Hildur Pedersen, la mère de Johan – le petit dur qui se fait appeler Joker – à Gunnar Våge, l'éducateur, ou encore aux voisines de Wenche, et restent dans ce périmètre restreint ; même Richard Ljosne, capitaine de frégate et supérieur de Wenche, fréquente le quartier, ce qui ne manque pas d'intriguer le détective. Polar d'atmosphère, sombre, étouffant, montrant la fragilité des liens familiaux, la veulerie des êtres et le leurre des politiques sociales, il ne trouve une respiration que dans la dérision et l'humour vache de Veum.
Pour le meilleur et pour le pire nous embarque dans la noirceur pour la meilleure des raisons, le talent de Staalesen, et la pire des découvertes pour un enquêteur : je vous laisse la découvrir.
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