Grande Place
(..)Souvent le monde paraît un odieux théâtre où quelques gens confortablement assis regardent souffrir les autres.(p.19)
Les berbères jouent- spectateurs, acteurs tout à la fois,et quel jeu: leur vie.
Toute leur pauvreté, le soleil la couvre de richesse, les haïkus déchirés resplendissent de lumière, burnous rayés, djellabas noires.(p.20)
Les paysans sont pauvres. Obligés de vendre leurs récoltes avant la moisson, ils doivent parfois verser à leurs usuriers un intérêt de 40 o/o.Quand ils labourent ils font penser à la Bible (...)
Les poètes ont chanté la gloire des guerriers qui pillaient les récoltes. Il y eut beaucoup de révolutions au nom d'Allah, mais jamais de révoltes agraires. (p.14)
Toute la richesse reste et restera dans les qualités du peuple, du grand peuple berbère et toute la misère dans la gueuserie de ses princes. (p.12)
Aït Sghir ( Fête de la rupture du jeûne)
Ces masques d"hommes,de femmes,d'enfants, gardent une vie,une angoisse, dont d'Afrique seule révèle les secrets. (32 p.)
Avant-propos
Au mois de juin 1936 (...)Nicolas de Staël par au Maroc.Il a vingt trois ans.Un collectionneur bruxellois, Jean de Brouwer,lui offre le voyage en échange de tableaux que le jeune peintre devrait lui envoyer régulièrement. Le séjour se prolongera jusqu'au mois d'août 1937 et marquera un tournant décisif avec son engagement dans la peinture.
(...) Ce texte a été écrit, de toute évidence, entre octobre et décembre 1936,sous l'effet de ce qu'il découvre, dans la perspective de constituer un reportage. C'est la première vision d'un jeune homme de culture d'Europe du Nord sur les principaux événements culturels qui animent la vie marocaine.(p.7)
Les Femmes
Les femmes berbères voyagent, travaillent, aiment et meurent passionnément. Elles voyagent seules souvent.Leurs têtes respirent l'énergie.
Aucun historien n'a jamais relevé leur rôle dans l'histoire du peuple berbère, qui ne fût jamais écrite. Elles sont bien souvent médecin, avocat, et banquier de la famille.
Au printemps, les berbères s'en vont dans la montagne pour conduire leurs troupeaux. En hiver,ils restent sur les plateaux et leurs femmes viennent aux souks de la ville pour les ventes et les achats de béliers, de taureaux et de chameaux. (...)
Les femmes berbères sont vêtues de bleu et ce bleu reflète l'ombre orageuse des montagnes.(p.30)