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Critique de LeslivresdeRose


Je tiens tout d'abord à remercier les éditions Le Cherche Midi ainsi que Babelio pour ce service presse.
Je n'avais pas spécialement fait attention à cet ouvrage jusqu'à ce que j'en lise une très belle chronique sur le blog de Sorbet-kiwi. Elle m'a vraiment donné envie de le découvrir. Alors, quand je l'ai vu dans les propositions de la masse critique Babelio de septembre, je l'ai demandé (sans vraiment y croire). Et j'ai été plus que ravie de le recevoir.
J'ai beaucoup aimé ce roman, surtout l'ambiance qui s'en dégage. Valère Staraselski, dans un premier temps, nous plonge dans une Cracovie moderne et, pourtant, encore envahie par le passé. le choix de la saison, l'hiver, rajoute un petit plus au récit. Je ne sais pourquoi, j'ai trouvé que la neige et le froid amenait un charme indéniable aux descriptions de cette ville que je n'ai jamais vue en vrai mais que j'imagine très bien recouverte d'un manteau blanc, réchauffée par un soleil hivernal et traversée d'un vent revigorant. C'est peut-être (sans doute) un cliché mais cela me convient parfaitement. Dans un second temps, l'auteur nous entraîne dans une Pologne en guerre où les côtés les plus sombres des hommes sont révélés.
Je pensais directement rencontrer le vieil homme évoqué dans le résumé de la quatrième de couverture, mais non. L'auteur nous propose d'abord de faire connaissance avec un groupe de jeunes français en stage de perfectionnement à Cracovie. Ils profitent de ce voyage pour parcourir la ville, profiter de ces lieux atypiques (bars à lait,…) et faire un brin de tourisme. C'est plus tard qu'ils rencontreront l'homme devant son tableau. J'ai beaucoup aimé cette première partie qui sent l'insouciance de la jeunesse, la joie de la découverte et le désir de comprendre et d'apprendre. Ces jeunes sont, d'un côté, touchés par les témoignages du passé qu'ils observent et solennels dans leur discussion à ce propos et, d'un autre côté, exubérants dans leur attitude et confiants dans leur avenir. J'ai apprécié les différentes personnalités qui font la richesse d'un groupe et qui sont rapidement mais justement esquissées par l'auteur. Katell et David sont les deux personnages qui ressortent de cette troupe. le point de vue du récit est externe mais, régulièrement, nous avons un aperçu des pensées ou des sentiments de David. Si Katell intervient souvent, élément central, même si discret, de cette bande de jeunes, son esprit nous reste fermé. En tant que lecteur, nous ne connaissons qu'une brève partie de leur vie. En même temps, celle-ci n'en est qu'à ses débuts ; ils ont encore tout à découvrir.
L'arrivée dans le musée d'art et la rencontre avec le vieil homme devant son tableau marquent un tournant dans le récit. Les jeunes gens et nous-même, les lecteurs, nous concentrons alors sur son histoire, tous aussi impatients de la connaître. Il nous livre un récit de vie émouvant et douloureux, nous présentant son vécu, son expérience de la guerre, sa survie. J'ai personnellement découvert un visage de cette guerre dont je n'avais jamais entendu parler. Les camps, l'occupation, les ghettos, les soldats SS…tous ça, oui, c'est décrit dans n'importe quel manuel scolaire ou livre d'histoire mais la cruauté des paysans polonais et la dure réalité des juifs cachés en Pologne, non je n'en avais pas idée. Même si c'est horrible, j'ai été contente de découvrir cette facette et de lire un récit qui évoque cette vérité-là. La façon dont cet homme nous narre son histoire, parfois brusque, parfois émouvante, toujours sans ménagement, a quelque chose de terrible et de beau à la fois. Beau dans le sens « touchant », « qui prend aux tripes » parce que, bien sûr, ce qu'il a vécu n'a pas de nom et n'est certainement pas « beau ». Et le lien avec le tableau intitulé « le parlement des cigognes » est poignant et saisissant. Cet homme, qui a vécu le pire, dégage une grande force, une sorte de sérénité. Il a choisi de vivre et d'avancer malgré tout, malgré les douleurs qu'il porte en lui et qui ne s'effaceront jamais complétement. Il ne cache d'ailleurs pas ses émotions, elles se lisent sur son visage, très expressif. Il impose le respect aux jeunes qui l'écoutent tour à tour fascinés et horrifiés par son récit. Toutes les décisions qu'il a prises et toutes ses réflexions n'ont pas toujours trouvé échos en moi, mais je ne les juge pas, simplement parce que je ne suis pas apte à le faire.
Pour moi, ce livre est plein de vie : celle des stagiaires, jeune et enthousiaste, et celle de l'ancien fugitif, vieille et tenace. S'il a survécu, c'est parce qu'il avait envie de vivre, malgré tout, qu'il en a trouvé la force quelque part et qu'il a gardé l'espoir d'un lendemain meilleur.
Le style de l'auteur est prenant, à la fois fluide et incisif. Il colle parfaitement au récit.
En bref, une histoire qui ne m'a pas laissée indifférente, qui a su me toucher et qui m'a permis de découvrir de nouvelles facettes de cette guerre. Je vous conseille ce livre court mais fort. Il est à la fois douloureux et porteur de vie et d'espoir.

Lien : https://leslivresderose.word..
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