On parle jamais, parce qu’on n’a rien à se dire.
La police ne croit pas aux coïncidences.
Si un Noir et un Blanc qui n’étaient pas dans la même cellule se parlaient, les gens se demanderaient pourquoi. Les gardiens voudraient savoir, et certains des détenus aussi. Qu’est-ce qu’ils peuvent bien se raconter ? Qu’est-ce qui se passe ?
L’un des premiers trucs que j’ai appris dans la vie, c’est de rester dans le groupe où il y a une chance de loyauté. Je ne dis pas une garantie, mais une chance. Un Noir ne ressentira aucune loyauté pour toi et moi. Il nous vendrait pour un paquet de chewing-gums, et on ferait pareil de notre côté.
On n’est jamais trop prudent.
— Les jeux plus difficiles demandent plus de concentration, dit Parker.
— Et présentent plus de risques.
On râlait contre les avocats commis d’office ou la nourriture, on parlait de religion si on s’y intéressait, ou de sport, mais on ne laissait jamais personne avoir barre sur vous.
Le seul bon côté de cet isolement, c’était qu’aucun gang ne se formait ; les émeutes raciales n’éclataient jamais.
Vous étiez tous des inconnus, n’ayant pas le temps de vous bâtir une réputation, ni de former des groupes. La seule chose qui était sûre, c’était qu’il y avait des mouchards dans le tas, des gens prêts à répéter aux flics tout ce qu’ils pouvaient apprendre sur vous, soit parce qu’on les avait mis là exprès, soit parce que c’étaient des opportunistes, prêts à vendre tout renseignement pour se faire bien voir des autorités : en vous enfonçant, ils remontaient. Ça devait marcher, d’ailleurs.
Les hommes politiques, ils veulent enfermer tout le monde, mais ils ne veulent pas y mettre les moyens. Alors, les administrateurs pénitentiaires font ce qu’on appelle des choix d’affectation – ce qui veut dire que dans certains centres au moins, on conserve un espoir de civilisation.