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Critique de araucaria


Il m'est bien difficile de faire une critique de cet essai. Tout premièrement parce que je m'attendais à autre chose en lisant cette oeuvre, qu'elle ne répond pas à mes attentes et que je suis donc déçue. Ensuite, parce que le livre est déjà ancien, écrit entre septembre 1970 et janvier 1971, et que des sujets abordés sont dépassés (ce qui touche par exemple à l'informatique). Enfin, parce qu'il s'agit d'un livre que je qualifierais d'élitiste, où je sens parfois l'esprit critique et assez méprisant de l'auteur.Il faudrait pouvoir donner une définition exacte de la Culture, et dire ce qu'il en est de l'après culture... Si la Culture s'arrête aux auteurs classiques, et que tout ce qui suit est l'après culture, ou de la sous culture, culture au rabais, c'est une façon de voir qui peut ne pas être partagée par tous. L'auteur fait référence à des écrivains ou philosophes qu'il juge importants, soit, mais il me met mal à l'aise lorsqu'il écrit par exemple, à propos d'un engouement pour la musique classique dans les années 70, "La bande magnétique, la radio, le phono, la cassette répandent une musique ininterrompue sur tous nos instants et tous nos travaux. C'est sans doute ce qui explique le succès commercial de Vivaldi et des compositeurs mineurs du dix-huitième siècle. Et la profusion de baroque et de musique de chambre pré-classique dans le catalogue du microsillon. Il s'agit souvent là, à l'origine, de Tafelmusik, d'une tapisserie sonore encadrant les affairements domestiques. Mais nous sommes aussi enclins à faire des modes nobles un bruit de fond. Rien ne nous empêche de faire tourner l'Opus 131 tout en prenant le café du matin. La Passion selon saint Matthieu est à notre disposition vingt-quatre heures sur vingt-quatre, sept jours par semaine. Les conséquences sont, encore une fois, incertaines : une intimité jamais atteinte, aussi bien qu'une désacralisation. Nous baignons dans un sirop de sublime."... N'est ce pas une forme de dictature que d'imposer des lectures et des musiques spécifiques?
La culture se compose de strates déposées au fil des époques, des modes. le meilleur subsistant, le reste étant oublié ou archivé car étant l'objet d'études pour des spécialistes. le champs de connaissance étant si vaste, il est de plus en plus difficile de posséder une culture universelle, il nous faut une spécialisation pour approfondir, sinon nous sommes condamnés à tout survoler.
Autre point. le livre est divisé en quatre chapitres.
- le grand ennui
- Une saison en enfer
- Après-culture
- Demain
A différentes reprises l'auteur aborde l'horreur des camps d'extermination du régime nazi, et je m'étonne de certaines de ses réflexions : "Nous comprenons maintenant que les sommets de l'hystérie collective et de la sauvagerie peuvent aller de pair avec le maintien, et même le renforcement, des institutions, de l'appareil et de l'éthique de la haute culture. En d'autres termes, les bibliothèques, musées, théâtres, universités et centres de recherche, qui perpétuent la vie des humanités et de la science, peuvent très bien prospérer à l'ombre des camps de concentration. (...) Nous savons aussi - et cette fois-ci les preuves sont solides, bien que la raison s'obstine à les ignorer - que des qualités évidentes de finesse littéraire et de sens esthétique peuvent voisiner, chez le même individu, avec des attitudes barbares, délibérément sadiques. Des hommes comme Hans Frank, qui avait le haute main sur la "solution finale" en Europe de l'Est, étaient des connaisseurs exigeants, et parfois de bons interprètes, de Bach et Mozart. On compte parmi les ronds-de-cuir de la torture ou de la chambre à gaz des admirateurs de Goethe ou des amoureux de Rilke. Il est trop facile de dire que "ces hommes ne comprenaient rien aux poèmes qu'ils lisaient où à la musique qu'ils possédaient et interprétaient si bien." Rien ne permet d'affirmer qu'ils étaient moins ouverts que quiconque au génie humain, aux forces morales qui modèlent la littérature et l'art."... Ce qui signifie simplement que l'homme est complexe, imprévisible, et qu'il peut être monstrueux tout en étant instruit, et Bach, Mozart, Goethe ou Rilke (et beaucoup d'autres, Wagner compris) ne sont pas responsables! Et je ne vois pas pourquoi malheureusement un haut lieu de l'Histoire ou de de la Culture, ou un site admirable, ne pourrait pas être irrémédiablement souillé par un charnier ou un centre où se sont commis les pires atrocités, cela me semble relever du hasard et pas d'une volonté délibérée.
Un ouvrage, assez confus et complexe utilisant un vocabulaire soutenu, qui ne m'aura pas vraiment séduite, mais qui me fait quand même m'interroger.
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