J’étais plus mortifiée de mon billet à mesure que les jours passaient, sans qu’aucune réponse ne me parvînt. Je me fustigeais sans interruption. Quelle fantaisie m’avait fait imaginer que cet homme avait une quelconque intention à mon égard ? Comment avais-je pu avoir l’indécence d’écrire pareille confession, à un presque inconnu qui pouvait me compromettre irrémédiablement ? De laisser une preuve écrite de mon inconvenance constitutionnelle ?
Carl Hamilton était marié. Il avait dû croire que je lui avais révélé mes pensées en connaissance de cause. Et à vrai dire, j’aurais dû m’interroger en préambule à ce sujet. Il paraissait si jeune, d’ailleurs l’était-il tout de même encore, et était si nonchalant, presque désinvolte, que je me l’étais figuré comme un célibataire inconséquent. Mais j’étais bien loin de la réalité. Il était marié depuis près de dix ans et père d’un garçon de dix ans.
Seulement un enfant ? m’interrogeai-je d’ailleurs. Voilà qui est peu commun.
Pourtant, cela ne me le rendait pas moins attrayant. C’était tout le contraire.