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Critique de NMTB


NMTB
20 décembre 2014
Cette histoire de la peinture italienne est une ébauche de l'oeuvre qu'avait imaginé Stendhal et qu'il n'a jamais achevé. Elle contient une partie consacrée à l'histoire avant le quattrocento, des considérations générales sur la renaissance italienne et une autre partie où l'école florentine est davantage détaillée, en particulier les oeuvres de Léonard de Vinci et Michel-Ange. Auraient dû suivre, des études sur l'école romaine, lombarde, vénitienne et de Bologne. On pourrait classer ce livre sous l'étiquette « Histoire de l'art », mais rédigé par un écrivain aux aspirations psychologiques et romantiques. Pas un spécialiste, mais un amateur éclairé. On y apprend tout ce qu'il faut savoir sur la renaissance italienne sans entrer dans des considérations trop ennuyeuses. L'apparition des nouveaux procédés, comme la peinture à l'huile et sur toile, ainsi que les innovations techniques, comme la perspective et le clair-obscur, sont suffisamment expliquées et tous les peintres connus sont à peu près remis à leur juste place. Les oeuvres de Léonard de Vinci et Michel-Ange, ainsi que leurs vies, sont détaillées et émaillées d'anecdotes qui rendent ce livre très agréable à lire. Et finalement, pas grand-chose n'a changé, depuis Stendhal, sur la connaissance qu'on a de cette époque. On notera juste, au passage, quelques évolutions. Par exemple, Stendhal fait assez peu de cas de la Joconde ; on est bien loin des mitrailleurs japonais qui, aujourd'hui, semblent campés continuellement devant cette icône de l'Art. Mais évidemment, un créateur comme Stendhal ne pouvait pas se contenter d'une froide exposition des faits. Non seulement il donne son avis personnel, raconte des histoires, mais il développe aussi toute une esthétique basée sur la psychologie. D'après lui, il n'existe pas une seule beauté idéale, mais une multitude qui correspond aux tempéraments des diverses civilisations. Ces tempéraments sont façonnés par le climat, les gouvernements, les moeurs dans lesquelles évoluent les hommes. La beauté idéale est l'expression directe des passions qui animent les peuples et non pas des actions qu'impliquent ces passions. La renaissance italienne, qui ne peut s'expliquer, bien sûr, que par la redécouverte de l'antique, n'en est pas tant une copie que l'expression d'un peuple vivant dans l'opulence, sous la coupe d'une Eglise viciée et dans des citée-états dirigées avec plus ou moins de libéralité. Dans tout ce qu'écrit Stendhal, on sent bien qu'il n'était ni un fervent monarchiste, ni un admirateur de l'Eglise, mais par contre un passionné de l'art italien. Il développe également une psychologie plus individualiste tirée de l'inusable théorie des humeurs. On y retrouvera toute sorte de raccourcis qui feront forcément sourire (mais les psychologues ayant pour souci de s'exprimer clairement ne sont-ils pas toujours tributaires de généralisations un peu stupides?), ainsi les français seront sanguins, les italiens bilieux, les hollandais flegmatiques et blablabla… Tout ça pour expliquer logiquement que la renaissance ne pouvait voir le jour qu'en Italie au quinzième siècle. Stendhal s'avance aussi jusqu'à la beauté idéale moderne qui ne peut pas être une simple copie du beau idéal de la renaissance ou de l'antique, mais doit exprimer les passions modernes. Cette beauté idéale moderne, l'auteur la nomme élégance et prétend qu'elle est née en France. La beauté idéale, la vie moderne, l'élégance (ou autrement dit, le dandysme). Un livre instructif, où ce qu'on apprend sur la renaissance italienne n'est pas du tout démodé et dont les nombreuses digressions psychologiques, physiologiques, politiques rendent la lecture plaisante.
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