AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Pascalmasi


Ce livre - difficile et dense - apporte comme une sorte de complément ou de suite à celui de Jacques Monod, le hasard et la nécessité. Prigogine cite Monod à de nombreuses, lui rend un hommage appuyé et semble poursuivre son raisonnement comme le ferait un Tome II. A titre d'exemple, il reprend, pour les exploiter plus avant, certaines interrogations qui sont celles de Monod qui se demande pourquoi "de grands esprits (Einstein) se sont souvent émerveillés, à bon droit, du fait que les êtres mathématiques créés par l'homme puissent représenter aussi fidèlement la nature, alors qu'ils ne doivent rien à l'expérience." Prigogine tente de construire une réponse convaincante à celle soulevée par Monod. Et y parvient !
La réponse de Prigogine tient en cette assertion : l'homme et sa pensée, capables des abstractions les plus audacieuses et les plus admirables, sont irrémédiablement dans l'univers. Cette inclusion irrémédiable fournit l'articulation que cherchait Einstein : les mathématiques ne sont pas coupées du monde ou hors du monde. Il n'est donc pas illogique, conclut-il, qu'un lien inconscient relie mathématiques abstraites et physique du monde réel.

Prigogine rappelle l'histoire du raisonnement scientifique et philosophique en le faisant remonter à l'Antiquité ; c'est le fondement de la pensée grecque - celle d'Héraclite notamment - et l'avènement de la physique dit newtonienne (dite dynamique) qui nous ont amenés à imaginer que nous pouvions faire un pas de côté, nous retirer de la nature, pour l'observer de l'extérieur et lui trouver des lois universelles indépendantes de notre observation et de notre psyché (au sens grec). Las, les physique de la thermodynamique de Fourier, Boltzman et Maxwell, la physique quantique (de Planck, Bohr, Heisenberg...) et la relativité générale (d'Einstein bien sûr) ont amené les chercheurs à s'affranchir des spéculations grecque, dynamique et classique et à les juger certes historiquement nécessaires mais suffisamment incomplètes pour être législativement fausses. "La nature, objet de science, est aussi ce qui a produit les hommes capables de science [...]", écrit-il.

Ce livre rejoint celui de Monod dans ses conclusions : la science a brisé toutes les anciennes alliances animistes et a refondé un nouveau rapport au réel, à la vérité. Dans ce rapport, affirme Prigogine, il faut admettre qu'il existe non pas une vérité, mais des vérités. Non pas une physique mais des physiques. Il confirme qu'Héraclite a eu définitivement raison de Parménide.

Nous le répétons, ce livre est difficile et parfois aride, mais de très très haute volée. Inutile de dire que le lecteur est en bonne compagnie !
Commenter  J’apprécie          20



Ont apprécié cette critique (1)voir plus




{* *}