L’escroquerie qu’elle avait imaginée consistait à faire passer Mary, aux yeux de la vieille femme, pour le petit garçon qu’elle avait eu de son fils, le marin disparu en mer cinq ans plus tôt environ. La fillette fut pour la cause travestie en garçon et s’en accommoda fort bien.
(au sujet de Mary Read)
En 885, lorsque plus de sept cents bateaux remontèrent la Seine jusqu’à Paris, mille femmes environ se trouvaient parmi les guerriers.
Elle (Anne Bonny) ne trouve pas de pardon au plus profond de son coeur, seulement de la pitié et du mépris, et le seul réconfort que son amant (John Rackam) tirera de sa dernière visite sera de s'entendre dire qu'elle est désolée de le voir dans cette fâcheuse situation "mais que s'il s'était battu comme un homme, il n'aurait pas à être pendu comme un chien".
A l’heure dite, une chaloupe se détache du navire au mouillage et, glissant silencieusement sur l’eau transparente d’une crique isolée, dépose le groupe de pirates sur le sable blanc du rivage. On s’assied à l’ombre des cocotiers et on parie gros tandis que les adversaires se toisent. Mary ne pourra tirer qu’un seul coup. Ensuite, si elle n’a pas fait mouche et qu’elle-même n’est pas mortellement blessée, il lui restera le sabre. Elle sait croiser le fer et a le tir juste. Elle a connu la guerre, elle a souvent eu à se défendre pour s’imposer dans cet univers masculin, se laver des insultes, faire reconnaître sa valeur. Cette fois, c’est un autre sentiment qui la guide : il faut se dresser entre la mort et son amour pour le conserver
Le casque tombe à la mer et le prince pousse un cri. Il suspend de justesse le balancement de sa hache, hurle un cessez-le-combat puis pose son bouclier. Le carnage s’arrête progressivement autour de lui, au fur et à mesure que l’on relaie son ordre, de navire en navire, et chacun se tourne vers les deux chefs immobiles, pétrifiés par leurs regards échangés. Alfhild a lâché le pommeau poisseux de son épée. Elle aussi vient de reconnaître son adversaire et ne tient pas à poursuivre le duel