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Critique de carine13400


Commencer sa lecture et être en larmes rien qu'avec le prologue, voilà chose faite avec Speedway, ce magnifique roman de Pascale Stephens.

L'auteur nous change un peu des décors que l'on a l'habitude de voir dans la New Romance, et c'est sur des circuits de courses de motos qu'elle nous emmène avec adrénaline et passion. Je dis passion car elle nous transmet cet amour de la compétition au travers des mots et des pages que l'on tourne tour à tour, elle nous raconte cette histoire avec son coeur, et cela se ressent beaucoup.

Clémence vient de perdre ce qu'elle avait de plus cher au monde et ce deuil est vraiment difficile à porter. Elle vient d'enterrer son fiancé, son âme soeur, son coéquipier. Josh a freiné trop tard… et dans un concours de circonstance, très rare dans le monde de la course, il y a laissé sa vie… Dans cette peine qui lui fend les tripes, elle se doit d'aller de l'avant malgré tout, mais la vie ne l'épargnera pas… Elle sera plutôt cruelle et Clem sombre dans un chagrin profond dont personne ne peut l'en sortir… brisée… elle ne sera jamais plus la même…

Un an passe et après avoir repris un semblant de vie en Écosse où elle se construit un nouveau nid loin de tous, la voilà de retour dans sa Team où elle excelle en tant que ingénieur motoriste. Marc le team manager, lui tend la main à sa façon, en la faisant revenir dans son équipe qu'elle a quitté un an auparavant. Elle est douée, tout le monde le sait. Mais elle est avant tout une femme dans un monde d'homme, ce qui n'est pas au goût de tous. Particulièrement celui de Nat, plusieurs fois champion du monde. Voilà que le destin lui joue à nouveau un drôle de tour. Cet homme misogyne, macho dans toute sa splendeur, qui a toujours critiqué ouvertement le fait qu'elle n'avait rien à faire sur les circuits, a changé de Team et c'est en étroite collaboration qu'ils devront travailler.

Si Clem cachera son agacement, lui, ne décolère pas. Paradoxalement ce ne sera pas pour la raison que l'on pourrait croire… Ce n'est pas tant de revoir Clem sur le circuit qui le dérange, non, Nathaniel ne supporte pas de la voir si changée ; le regard vide et dénoué de toute étincelle qui la caractérisait tant. Clem n'est plus la même et cette situation le met dans tout ses états. Il veut revoir le brasier dans ses yeux , qu'elle retrouve sa hargne, qu'elle se rende compte que ce n'est pas elle qui est morte et qu'elle a le droit de vivre et non se contenter de survivre !

Nate va faire tout son possible pour la réconcilier avec la vie. Ce don Juan, cet homme incapable de revoir deux fois la même femme, va mettre tout en oeuvre pour que Clem se sente enfin vivante… et quoi de mieux pour des compétiteurs que de se lancer un défi, un défi dans lequel Nate compte bien y laisser son coeur… Même si la douleur est toujours aussi présente, Clem sent son corps se réveiller d'un long sommeil, mais en a t-elle simplement le droit ?…

Pascale Stephens nous plonge dans un univers qu'elle maîtrise à la perfection et c'est tout en douceur qu'elle nous immerge dans cette reconstruction qui sera semée d'embûches. Elle commence par nous faire toucher le fond en nous mettant KO émotionnellement… puis elle nous montre une porte non verrouillé, qui pourrait s'ouvrir sur le bonheur à nouveau… Mais seule Clem à la main sur la poignée…

Si Clemence va de l'avant professionnellement ce n'est pas le cas de sa vie personnelle qui est tout aussi vide que son âme…. Les fantômes du passé rodent toujours et lui rappellent sans cesse ce qu'elle a perdu. Ce vide abyssal lui broie sans cesse les entrailles et la ronge d'un mal être extrême.

Le chemin a parcourir jusqu'à la guérison sera compliqué, car en plus d'apprendre a vivre avec son passé qu'elle ne veut surtout pas oublier, Clem devra affronter des vérités qui ne sont pas toujours bonne à entendre. S'apercevoir que les autres ont continué à vivre sans elle lui fera comprendre à quel point la sienne est dénuée de sens…

Nathaniel est tout ce qu'elle déteste, et que l'on déteste également par la même occasion, mais le simple fait qu'il veuille lui venir en aide alors que personne ne se soucis vraiment d'elle, fait de lui notre nouveau chouchou. de plus, il m'a fait rire et sourire à de nombreuses reprises, car il patauge vraiment beaucoup. N'ayant pas l'habitude des femmes en dehors d'une chambre d'hôtel, il est très maladroit avec Clem, et elle… ne lui laisse aucune chance. Cet homme si fort sur la piste, si sûr de lui se retrouve comme un adolescent complètement démuni devant cette femme qu'il a toujours idolâtré dans l'ombre et pas que…

La narration à deux voix nous permet de vite le découvrir et comprendre son comportement exécrable. Tout comme elle nous permet d'entrer dans les pensées les plus profondes de Clem. Elle permet à l'auteure de nous apporter toutes les émotions qu'elle souhaiterais nous faire ressentir en dépouillant l'âme de nos héros. On aimerait tant se projeter dans le roman et prendre Clem dans nos bras, mais laissons notre place à Don Juan, et laissons lui tenir des rames à défaut d'un guidon 😉

Avec Speedway, l'auteur nous offre une belle romance qui aborde des sujets lourds et blessant. Si on va parler d'un deuil trop lourd à porter, et de toute la peine qu'il en résulte, le poids de la trahison le sera encore plus. On pourrait dire que tout va trop vite, mais en fait cela fait du bien qu'il ne soit pas question de ce jeu du chat et de la souris, mais au contraire chaque étape, chaque rebondissement traite un thème qui lui permettra d'avancer. A l'un comme à l'autre d'ailleurs, car Nate est assez spécial et pour arriver à atteindre la confiance de Clem, il lui faudra aussi traverser quelques obstacles. La plume de Pascale Stephens a cette faculté de nous mener d'un point A à un point B sans que cela ne soit compliqué, tout dans l'émotion et écrit avec une grande finesse. Elle a su donner un ton juste à son histoire et m'emporter dans son univers avec douceur. Je dois dire que ce roman m'a fait bien fou, au point que je n'arrivais pas à le poser étant vraiment accrochée aux personnages, et à toute l'intensité qui les accompagne.

Ce roman n'est pas un mélodrame, il nous montre qu'après des épreuves aussi lourdes soient-elle, l'amour et la vie valent la peine d'être vécue. Que cela soit à 300 km à l'heure sur le bitume ou dans la tendresse d'une relation ; que les gens ne sont pas forcément ceux qu'ils laissent paraître, et que chacun mérite une nouvelle chance…

Je vais finir par une citation que j'ai relevé dans le roman et qui pour moi résume parfaitement celui-ci. » Perdre la personne qu'on aime est une tragédie, Clem… Mais surmonter ce cataclysme révèle ce qu'on a de plus fort en nous. On devient une autre personne, plus mûre, plus assurée, plus consciente de ce qui nous entoure, parce qu'on sait que tout peut s'arrêter très vite »
Lien : https://lesetoilesdesbibliot..
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