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Critique de Bobby_The_Rasta_Lama


Quis leget haec ?

Eh bien, je me le demande !
Mais un peu de patience, je vous prie. - Et même, soit dit en passant, un peu de courage - oui, COURAGE est peut-être le mot qui conviendra le mieux pour aborder "La vie et les opinions de Tristram Shandy, gentilhomme".
Car nous avons là un morceau littéraire fort astucieux - c'est par ces mots que je devrais probablement commencer cette chronique - il est toujours préférable de commencer d'une façon plus générale, pour ne pas décourager les esprits craintifs. Mais je voudrais d'abord souligner autre chose --- ne criez pas et ne protestez pas, je vais m'organiser comme bon me semble. - Après tout, c'est moi qui écris ce commentaire !

Je voudrais donc souligner que c'est un livre qui va agir sur toutes les humeurs qui peuvent circuler dans le corps humain. - Ah ! Il n'y en a pas tant que ça, me contredira le lecteur vétilleux de ces lignes - mais il se trompe prodigieusement, cette petite âme critique - car l'intérieur d'un corps humain est tout aussi compliqué et emberlificoté que le livre de Sterne.
Hélas, cher lecteur, il n'est point aisé de pénétrer la pensée de ce bon Tristram. - Il se laisse distraire - il raccourcit ses chemins - puis il les rallonge - il marche sur les courbes ellipsoïdes plutôt que sur les routes directes --- ou sur n'importe quoi de simple et de droit. Fichue chose !
Mais la simplicité n'est pas toujours une vertu - du moins en ce qui concerne la littérature - et c'est une opinion que je respecte. - Peu d'opinions sont aussi ciselées et polies --- jusqu'à un tel éclat. Les voies simples et droites seraient plus seyantes et honorables aux relations humaines, évidemment - mais qui a jamais vu des relations humaines simples et droites ? --- Certainement pas moi. Et cela fait pourtant quelques années que j'arpente ce beau monde - même si, j'en conviens, moins longtemps que certains d'entre vous - mais en calculant bien, vous trouverez un nombre à deux chiffres divisible lui-même plusieurs fois par deux. - Toutefois, à condition de bien vouloir vous prêter à ce divertissant petit exercice de calcul, ça va de soi.

De gustibus non est disputandum - certains vont trouver le livre long et XXXXX (censuré) - car c'est l'art de la digression qui le fait avancer. - Il est donc, pour ainsi dire, à la fois digressif et progressif. N'est-ce pas fabuleux, de concilier ainsi deux mouvements complètement opposés, qui paraissent inconciliables ? Certes, quand l'oncle Tobie et son fidèle compagnon Trim enfourchent leur dada militaire, les cavalcades peuvent parfois sembler fatigantes. Mais quel duo ! Dites-moi, ne trouvez-vous pas que l'histoire est toujours meilleure quand elle est menée par un duo ? Moi, je trouve. Mais ne me comprenez pas mal - il y a bien d'autres personnages dans le livre, pas seulement Tobie et Trim - mais la liste serait encore bougrement longue --- et, voyez-vous, le temps passe.

Donc, pour ne pas me perdre en interminables digressions comme sieur Tristram qui raconte sa vie et ses opinions - et pour éviter d'étirer ce commentaire en neuf parties d'une longueur considérable, je pense que ceci est amplement suffisant pour une critique - ou me trompé-je ? --- Non ! Non ! Je vous entends crier. Il suffit !! - Alors, comme je viens de le dire, pour ne pas m'éloigner davantage, je vais seulement ajouter que cet ouvrage est probablement une des meilleures choses que vous pouvez trouver en littérature anglaise du 18ème - même si vous fouinez longtemps - et je sais que vous êtes de sacrés petits fouineurs !--- Une sorte de début de la littérature post-moderne - un petit tentacule - un perce-neige précoce et folâtre, qui... etc., etc. XXXXX (censuré).
En tout cas, si vous avez réussi à lire ce commentaire, vous pouvez lire aussi "Tristram Shandy" - sans lui, Joyce ne serait jamais aussi compliqué, Proust aussi long et Hašek aussi drôle ! Ma foi !
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