AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Presence


Ce tome comprend les épisodes 35 à 40, anis que la partie de Secret Origins 10 consacrée à Batgirl, initialement parus en 2015, écrits par Cameron Stewart & Brenden Fletcher, avec une mise en page de Stewart, des dessins et un encrage de Babs Tarr, et une mise en couleurs réalisées par le studio Hi-Fi. le Secret Origin a été dessiné et encré par Irene Koh.

Barbara Gordon a décidé de déménager, de traverser la rivière de Gotham, pour aller habiter dans le quartier en face, appelé Burnside. Elle quitte donc son ancienne colocatrice Alysia Yeoh, pour emménager avec une nouvelle appelée Frankie (pour Francine) Charles. Après avoir pourchassé un voleur de téléphone portable, elle retrouve Dinah Lance (Black Canary) sur les marches de son nouvel immeuble, parce que l'appartement de cette dernière a été détruit par une explosion. Elle découvre également que son ordinateur (contenant les éléments de sa thèse) a été volé lors de la soirée de la veille.

En tant que Batgirl, elle fait fermer boutique à un criminel qui postait les secrets personnels d'individus sur les réseaux sociaux, puis se bat contre 2 jeunes demoiselles adeptes du cosplay et ayant volé des prototypes de motos, puis elle fait face à une fausse Batgirl. Ses activités commencent à lui valoir un début de gloire sur les réseaux sociaux.

Ce tome correspond à une nouvelle saison pour les aventures de Barbara Gordon. Il ne s'agit pas de renier ceux écrits par Gail Simone précédemment, mais d'un changement de vie pour le personnage principal. Ainsi elle déménage, quitte sa colocatrice, et emménage dans un autre quartier. La première page montre le déménagement, dès la deuxième page, Barbara est installée dans son nouvel appartement également en colocation. Les lecteurs des tomes précédents pourront se sentir délaissés par ce changement d'orientation des aventures du personnage, les réfractaires à l'écriture de Simone pourront se réintéresser au personnage.

Dès les premières pages, les changements sont apparents : un ton plus jeune (presqu'adolescent), une Barbara plus vivante (elle ne se souvient plus de la soirée de la veille au soir, ni de son flirt, à cause d'un ou deux verres de trop), un ton plus mode (ces demoiselles font du shopping pour leur garde-robe), un ton plus moderne (téléphone portable et textos), du strass et des paillettes, une fascination pour la reconnaissance et la célébrité. Les scénaristes y vont fort. Babs Tarr réalise une mise en images en phase avec ce ton : des visages jeunes, des corps plus longilignes que musculeux, une attention portée aux toilettes, un peu de maquillage, des moues légèrement exagérées, etc. Dans un premier temps, le lecteur se dit que ça fait beaucoup pour plaire à un coeur de cible de midinettes. Il y a comme une impression de systématisme un peu artificiel, tant au niveau des éléments du comportement que des dessins

Toutefois, rapidement, le lecteur constate que les auteurs ne se contentent pas de placer des éléments jeunes, ils incorporent également des éléments moins superficiels. Pour commencer Frankie Charles souffre d'une maladie des muscles. Ceci n'est pas mis en avant comme un ressort essentiel de l'intrigue, mais juste une caractéristique de sa vie avec laquelle elle doit composer, et qui a des conséquences. Les scénaristes le mentionnent rapidement lors d'un dialogue. Babs Tarr le montre dans une poignée de case. C'est une réalité de sa vie, sans que cela n'en devienne un drame, ou une source inextinguible d'auto-apitoiement larmoyant. C'est également un lien avec la précédente incarnation de Barbara Gordon, en particulier son handicap l'obligeant à se déplacer en fauteuil roulant par le passé.

Stewart et Fletcher racontent bien une histoire de superhéros, enfin de superhéroïne, avec identité secrète, capacités physiques au pinacle, affrontements physiques, et criminels retors et hauts en couleurs. Ils mettent bien en valeur l'une des capacités de Batgirl : sa mémoire eidétique, avec une mise en images qui n'en fait pas un superpouvoir pour autant, mais bien une capacité plausible. S'ils ont un peu rajeuni l'héroïne, ils restent fidèles à son caractère positif, et à son entrain communicatif. Ils la plongent dans une situation d'étudiante (elle a perdu son début de mémoire de thèse).

Une fois passé le mouvement de recul dû à ce changement d'orientation cosmétique, le lecteur apprécie cette nouvelle version de Barbara Gordon, attachante, humaine, amicale (sa relation avec sa colocatrice, mais aussi avec Dinah Lance), et faillible. Elle n'est pas au-dessus d'user de subterfuge, ou de coercition douce (avec son nouveau fournisseur de gadgets technologiques), et même de se tromper. Certes le message relatif aux risques liés à l'équivalent de facebook et twitter est un peu appuyé, mais il est contrebalancé par le développement graphique effectué par Cameron Stewart pour créer de nouvelles marques avec leurs logos (en particulier le réseau social Hooq).

Alors que le début donne l'impression d'un récit trop dans l'air du temps pour être honnête, les auteurs exposent et développent la personnalité de Barbara Gordon (avec toutes ses ressources psychologiques et son astuce), tout en la confrontant aux conséquences de ses choix. Les interactions avec les autres personnages féminins (à commencer par sa colocataire, et Dinah Lance) font ressortir son caractère et sa joie de vivre. Il est impossible de résister à sa gentillesse et à sa détermination.

Babs (pour Barbara) Tarr apporte également une vision très marquée du personnage. Comme pour le scénario, en surface, les dessins donnent l'impression d'un comics pour fille, avec des couleurs pastels ou mode (réalisées par Maris Wicks), des moues un peu prononcées, une forme de candeur assumée, et des tenues vestimentaires sympathiques, voire cool ou flashy (la version du costume de Batgirl tout en paillette). Mais dès le début, le lecteur est également frappé par le naturel des personnages, la bonne densité des décors, et la diversité des protagonistes (même une demoiselle portant le hijab en toute simplicité), le nombre relativement élevé de cases par page (en moyenne 7 par page).

Les images fournissent donc un bon niveau d'immersion (très bon même en comparaison de la moyenne des comics), avec des personnages plein de caractère d'un point de vue visuel, des environnements spécifiques, des comportements vivants sans être caricaturaux. L'aménagement de l'appartement en colocation reflète le type de vie estudiantin (un peu de désordre et de bazar). Cette dessinatrice a décidé de s'éloigner des canons esthétiques en vigueur dans les comics de superhéros, en ce qui concerne la morphologie (pas de corps bodybuildées), sans pour autant aller jusqu'au simplisme des dessins animés pour la jeunesse. Les scènes d'action restent dynamiques et montrent les mouvements plutôt que de se contenter d'accoler une suite de vignettes avec des postures avantageuses. Par comparaison, le travail d'Irene Koh sur les 10 pages de l'origine secrète est plus convenu, et moins séduisant (même si les auteurs en profitent pour évoquer rapidement comment Barbara a retrouvé l'usage de ses jambes).

Après la fin du dernier épisode, le lecteur contemple 9 couvertures alternatives, réalisées entre autres par Kevin Nowlan, Babs Tarr, Cliff Chiang (dont une parodie de la pochette de Purple Rain de Prince), Darwyn Cooke, Bengal, Aaron Lopestri. Suivent une vingtaine de pages d'études graphiques de Cameron Stewart et de Babs Tarr, sous forme de crayonnés.

En 2015, DC Comics décide de faire faire peau neuve à plusieurs de ses séries, sous le slogan générique de "DC you". Sans être estampillée de ce slogan, la série "Batgirl" connait une rupture de ton manifeste avec ce volume, sortant du giron de Gail Simone. le hiatus a pu mécontenter certains lecteurs de la version précédente. le vent de fraîcheur est également bien réel et les nouveaux auteurs proposent une version très cohérente dans sa structure, entre le scénario et les dessins, avec un travail de conception et de développement qui se ressent à la lecture.

Sous des dehors de maquillage artificiel pour toucher un coeur de cible féminin et adolescent (tout comme les séries Gotham Academy (Le secret des Cobblepot) et Black Canary par Brenden Fletcher et Annie Wu), ce premier tome comprend une histoire moins manichéenne qu'il n'y paraît, habitée par des personnages attachants et humains. Même les ennemis ne sont pas juste méchants parce qu'ils sont méchants.
Commenter  J’apprécie          20



Ont apprécié cette critique (2)voir plus




{* *}