Superbe roman.
J'ai commencé à le lire un peu "à reculons". Je n'avais pas envie de lire quelque chose de dramatique, et je "stressais" un peu dès le début, sachant comment cela allait se terminer.
De ce fait, la répétition comme un leitmotiv de phrases du type "Elle ne pourra pas dire cela à ses petits-enfants, ni même à ses enfants" m'a gênée au début, et un peu aussi les quelques longues énumérations du genre on dit ... qu'on lit presque sans respirer.
Et puis, j'ai été prise dans l'histoire, et tout cela n'a plus eu d'importance.
L'auteur est aussi à l'aise pour nous faire vivre la vie de cette petite parisienne qui rêve de théâtre, pour dépeindre la
Comédie Française, ses grands noms et ses petites histoires, pour nous présenter de l'intérieur tout un pan de l'Histoire, et pour s'interroger et nous interroger sur les réactions des hommes face à de tels drames.
Tout ça avec un texte qui coule, pas une seconde d'ennui.
En plus de cela, j'ai aimé retrouver les grands noms du théâtre, ceux qu'on connaît comme importants historiquement, et d'autres dont je n'imaginais pas qu'ils étaient déjà présents, comme
Madeleine Renaud et
Jean-Louis Barrault (que j'ai bien plus tard croisés "en vrai" sur un petit sentier des Baux !!) Robert Manuel, etc ...
Tout à fait par hasard, je venais juste de terminer "
3 000 façons de dire je t'aime" de
Marie-Aude Murail, où le Conservatoire et la
Comédie Française ont aussi le premier rôle, mais de nos jours, et c'était surprenant de retrouver les lieux et les traditions plus d'un demi-siècle avant.
Et il me semble que personne n'a parlé d'Alain Borne.
Une de ses poésies ouvre le livre, et le personnage d'Alain Beron est manifestement plus que fortement inspiré par le poète trop méconnu. Bien que je soies arrivée dans la Drôme plus de dix ans après sa mort, ici, on le connaît (le lycée de Montélimar porte son nom !) mais c'est émouvant de retrouver ainsi en personnage de fiction cet avocat poète.