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Critique de Thrinecis


Ce petit recueil ne contient que deux textes de Bram Stoker, oeuvres mineures publiées en 1890, sept ans avant son célèbre Dracula, ainsi qu'une lettre de sa mère Charlotte Stoker.

En vérité, c'est bien cette lettre qui s'est avérée la plus intéressante d'un point de vue historique. Charlotte Stoker y raconte à son fils l'épouvantable épidémie de choléra qui gagna l'Irlande en 1832 après avoir débuté en Inde en 1826 et après s'être propagée en Russie en 1830, en Pologne, en Allemagne, puis en France et en Angleterre. On se souvient des pages terribles du Hussard sur le Toit qui décrit les ravages de cette pandémie en Provence. Celles plus concises de Charlotte Stoker ne sont pas moins terrifiantes.
Charlotte Stoker a vécu l'arrivée du choléra à l'âge de 14 ans avec sa famille dans la petite ville de Sligo, à l'ouest de l'Irlande. Dans son témoignage, elle décrit l'épouvante qui s'est emparée de tous, conduisant certains hommes à des crimes abominables, comme enterrer vivants les malades. Elle raconte les tranchées creusées en travers des routes pour isoler les villes, les voisins que l'on quitte le soir en bonne santé et que l'on découvre morts au petit matin quand ils ne sont pas déjà enterrés, les fumigations pratiquées pour se protéger, les barils de goudron que l'on brûle pour purifier l'air, les aliments qui manquent, et les gens qui, tous, tombent comme des mouches.
Charlotte Stoker n'a survécu que parce que sa famille a réussi à fuir la ville, après plusieurs tentatives bloquées par des hommes enragés. Sans cela, nous n'aurions jamais lu Dracula !

C'est cette épidémie de choléra qui a fortement inspiré la première nouvelle du recueil, "Le géant invisible". Sous la forme d'une fable, Bram Stoker met en scène un géant qui vient semer la peste dans toute la contrée. Ce géant est invisible de tous sauf d'une jeune orpheline au coeur pur, qui tente de prévenir les hommes du danger qui arrive, en vain... Il faut y voir la domination des anglais sur l'Irlande qu'ils exploitent et affament mais je n'ai pas été convaincue par cette fable.

Si la première nouvelle est publiée dans son intégralité, les éditions Mille et une nuits ont eu le culot de publier comme deuxième texte, le chapitre 3 - et seulement celui-ci ! - extrait de son premier roman "Le Défilé du Serpent" (The Snake's Pass). Même si le prix de ce petit volume est riquiqui, je trouve le procédé très mesquin pour des textes qui sont dans le domaine public !
Du coup, il est assez difficile d'apprécier à sa juste valeur ce chapitre isolé du reste du roman, qui montre un pauvre irlandais contraint de vendre ses terres à un prêteur d'argent. La postface indique qu'il s'agit de la réincarnation du Roi des Serpents, qui symbolise l'oppression de l'Angleterre sur le peuple irlandais. Mais, encore une fois, cette trentaine de pages ne suffit pas pour percevoir tout ce que Stoker a sans doute développé dans le roman qui en compte près de 300.

Bref, un petit recueil plutôt décevant, dont je ne retiendrai que la lettre témoignage de Charlotte Stoker.

Challenge XIXème siècle 2022
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