Witch and God, tome 2 : L'enlèvement de Circé

Je ne t'ai pas encore dit que tu vaux tout les risques ?

il déteste le fromage, ce n'est pas une personne de confiance.

- Si tu veux, je me déshabille à mon tour, on sera à égalité.
Elle veut me hurler dessus – ça se voit à l’air qu’elle aspire et à son index autoritaire braqué sur moi – mais tout se bloque et elle se fige.
- Quoi ? s’étrangle-t-elle.
Je commence à déboutonner ma veste pour la retirer. Si elle veut du Hermès en action, elle peut l’avoir. Je suis passé maître dans l’art de la provocation.
- Je vais jusqu’où ? poursuis-je en attaquant mon gilet sans manches.
- Mais arrête ! Espèce d’exhibitionniste !
- Les humains me sculptent à poil depuis des siècles, je n’ai aucun problème avec ça.

(extrait du chapitre bonus du point de vue d'Hermès)

- Plus jamais de fausses inspections, neveu [...], préviens Hadès.
- Promis, si je mens, je vais aux Enfers, répond Hermès.

Tu dois me faire confiance. On va réaliser l'impossible.

- En plus de cinq mille ans de vie, je n’avais jamais rencontré aucune femme comme toi, si résolue, si casse-pieds et si attirante.

Il disait vouloir "réaliser l'impossible" pour moi, mais c'est de la folie ! Je n'ai fait que mettre sa vie en danger.

— Un jour, tu m’as demandé pourquoi je te détestais, entamé-je avec maladresse, regrettant aussitôt.
— Et ? m’encourage-t-il à poursuivre.
Une personne de moins devant moi. La gêne m’envahit. Je vais vraiment lui débiter ça ? Maintenant ?
— Et… peut-être… En fait, je ne t’ai pas donné une réponse claire.
Autre blanc.
— Mmh. Est-ce que c’est le bon moment pour ça ? grogne-t-il.
— À vrai dire, oui. Je ne veux pas partir et ne jamais l’avoir dit. Ce baiser dans la verrière, que tu dis accidentel et dont tu refuses d’endosser la moindre responsabilité…
Je le vois rouler ses yeux dans leurs orbites tout en dégageant son visage de son manteau. Pourtant, il ne lâche pas ma main.
— On revient là-dessus, maintenant ?
Son regard gris est moins critique que je ne l’aurais cru. Peut-être un peu plus bas.
— Je le voulais, ce baiser, balancé-je en regardant ailleurs, les joues cramoisies. C’est vrai que je n’ai pas l’historique des mouvements précis en tête, je ne sais plus qui a fait le premier pas. Mais je le voulais, ce baiser.
Je déglutis.
Je crois que, de toute ma vie, je n’avais jamais vu un dieu aussi stupéfait qu’Hermès à cet instant. Il s’est complètement tourné vers moi, les yeux grand ouverts, le visage blême. Il semble vouloir parler, mais ses lèvres demeurent scellées. J’ai envie d’éclater d’un rire nerveux, mais en vérité, je suis mal à l’aise. Je ne m’attendais pas à ça. C’est si stupide, les sentiments, je l’ai toujours pensé. Et comme je ne suis pas douée, c’est la dernière impression que je vais laisser à Hermès ! Qui, étant le dieu messager, va s’empresser de le raconter à tout le monde lorsqu’il retournera sur Terre.
— Quoi ? lâche-t-il.
Ma seule défense est l’attaque !
— Oui eh bien, c’était juste pour répondre à mon délire d’adolescente !
Là, je frappe fort.
— Hein ?
Panique !
On avance à nouveau. Plus qu’une personne devant moi. Tout s’emmêle !
— Quand j’avais quinze ans, j’ai eu un crush honteux pour toi, avoué-je en sentant une sueur glaciale couler dans mon dos.
Maman et papa, Méroé et Ella, bébé Médée, tante Zelda, Pasiphaé et les petites sorcières, Hécate, Circé la Grande et Médée la Jeune… Hermès. Bon sang.
— Tu es en train de me dire que…
— C’était il y a plus de dix ans ! le coupé-je en tentant de retrouver la fermeté qui me définit d’habitude. Et puis, tu as été très clair, c’est vrai que rien n’aurait été possible, quoi qu’il en soit. Même si pour moi, tu n’as jamais vraiment été un ami. C’était plus… hum… euh…
Mais où je vais moi ?!
— Suivante ! lance la voix du juge.
C’est à moi qu’il s’adresse, alors que j’ai le cœur au bord des lèvres. Hermès est figé, incrédule. Peu importe. Je lâche sa main, me mets sur la pointe des pieds et le prends dans mes bras. J’enregistre tout : odeur de bergamote poivrée, chaleur de sa peau, douceur réconfortante de son manteau, discussion à cœur ouvert près du grenadier.
Faites que je garde ça avec moi, même dans l’autre vie ! Que je conserve son énigme intacte.
— Je n’ai pas que ça à faire ! tempête la voix brutale du juge.
Encore une seconde d’étreinte par Hécate !
— Merci de m’avoir accompagnée jusque-là, balbutié-je avant de le relâcher.

- Un hasard ?! Tu me prends pour qui au juste ? s’emporte-t-elle, furieuse.
*Pour la plus ravissante des sorcières que j’aie jamais connue ?*
Mmh. Pas sûre que cette réponse lui convienne.

(extrait du chapitre bonus du point de vue d'Hermès)

Il sourit enfin et encadre mon visage de ses mains.
- Depuis bien trop longtemps.
- Quand ?
- Il y a cinq ans, tu éclatais de rire sous la glycine de la maison, on ne voyait que toi. Ton charme a tout balayé, je me suis même demandé comment j’avais fait pour ne pas te voir avant. Cette fraction de seconde m’a enchaîné à toi.