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Critique de collectifpolar


La Kronik d'Eppy Fanny pour Collectif Polar
L'histoire : Celle de Chloé Bourgeade, qui travaille comme détective privée pour l'agence « Le Sémaphore », sous la coupe de Marike Créac'h.
Une nouvelle enquête vient de lui être confiée par la patronne.
Un nouveau client, Pierre Leglay, DRH dans la grande distribution, vient de perdre son père dans des circonstances étranges. Retrouvé noyé sur un terrain qu'il connaissait par coeur. de plus il n'avait aucun souci de santé.
Le père de Pierre était policier en retraite. En fouillant dans les affaires du défunt, le fils a trouvé la photocopie d'un vieux tract, deux feuillets recto verso. le texte indique « Un groupe de policiers républicains déclare… » et porte la date du 31 octobre 1961.
Le tract, non signé, évoque de façon détaillée les diverses phases de la répression d'une manifestation parisienne des Algériens, qui a eu lieu le 17 octobre 1961. Les policiers qui informent, via ce tract, y donnent des noms, dont ceux de plusieurs responsables, qui ont supervisé, couvert, voire même encouragé ces crimes. Dont Leglay père.
La mort du retraité serait-elle due à une vengeance, après tant d'années ?
Chloé, au titre de son enquête, va remonter le temps. Se plonger dans les archives, tenter de trouver des témoins, s'imprégner des lieux. Son enquête n'est pas forcément la bienvenue.
L'agence est visitée et elle reçoit des menaces.
C'est que cette sale guerre, qui n'a dit son nom officiellement qu'en 1999, divise encore et toujours. Et il est des secrets que l'État souverain ne souhaite pas voir ressurgir, quitte à les minimiser, voire à les nier !
Chloé a déjà entendu parler de la manifestation indépendantiste d'octobre 1961, et de sa répression sanglante. En revanche elle ne savait pas que des policiers, via ce tract, s'étaient adressés à leurs collègues pour alerter.
Extrait P.17 :
« Elle lit : « les tortionnaires jetèrent des dizaines de leurs victimes dans la Seine qui coule à quelques mètres. (…) M. Papon, préfet de police, et M. Leglay, de la police municipale, assistaient à ces horribles scènes » ».
Racine, bibliothécaire cultivé, avec qui elle partage beaucoup, à commencer par leur péniche, lui confirme l'authenticité du tract.
La guerre d'Algérie est revenue dans l'actualité. Chloé écoute les émissions, les débats, court les réunions. La voici dans la salle de celle organisée par l'association « octobre », qui réunit des historiens et des témoins de la manifestation de 1961.
L'intervention d'un journaliste algérien attire particulièrement son attention. Il s'agit d'Ihsane Khider, dont le père et l'oncle sont venus en France en 1950 pour travailler. Son père, Tayeb, a été embarqué par la police en septembre 1961.  Il assista à des horreurs et fut lui-même battu et jeté à la Seine. Terrorisé, enfermé chez lui après ce qui lui est arrivé, il ne participa pas à la manifestation du 17 octobre. Ça lui sauva la vie.
Son frère Lounes, l'oncle d'Ihsane, se rendit à la manifestation. Il n'en revint jamais.
Chloé se présente à Ihsane. Elle souhaite en savoir plus.
Ihsane lui raconte le retour de Papon en 1959 à la préfecture de police. Il rapporte dans ses bagages la milice harkie, qu'il a créée, et qui était chargé d'infiltrer les fellaghas. Une milice d'état sur le sol parisien. Une milice totalement en marge des lois.
Ils vont rencontrer un témoin de l'époque qui va dérouler, pour eux, les horreurs du passé. Ce que subissait les « clients » de ces caves. Et ceux, nombreux, qui n'ont pas supporté les tortures et n'en sont jamais ressortis.
Chloé, atterrée, va découvrir la vérité sur ce passé français peu glorieux. Un ulcère purulent, dont le pus, épais et nauséabond, ne cesse de dégouliner encore aujourd'hui.
Un autre policier retraité, identifié comme vieux facho, meurt lui aussi. La vengeance continue-t-elle ?
Extrait P.37 :
« Chloé, songeuse, ferme son écran. Drôle d'histoire, décidément, drôle d'enquête : un bonze l'épie, un corbeau lui distille des informations (merci), un flic boit la tasse, un autre s'enflamme. Elle ne comprend pas bien le mode d'emploi. Et elle a horreur de ne pas comprendre. »
Chloé ira au bout de son enquête.
Nous la retrouverons prochainement dans une autre histoire.
J'aime à penser que Gérard y travaille.
Ce récit partiellement fictif est une excuse pour nous parler, avec brio, d'une page de notre histoire dont certains démentent encore la véracité ou la minimise, et dont d'autres, pour des raisons peu glorieuses, sont nostalgiques.
Le fait que Gérard soit journaliste nous offre un ouvrage particulièrement documenté et construit. le tract qui est abordé dans ce roman a existé. C'est sa lecture par l'auteur qui a donné naissance à cet ouvrage. CF. son intervention lors du salon du polar Noir et Social de Vitry S/Seine – Lien YT
https://youtu.be/jCWOGylbKHw
Ce livre est pour moi une lecture indispensable et devrait être étudié dès la 4ème, avec d'autres, dont Meurtres pour mémoire de Didier Daeninckx, et les livres de Paulette Péju (sortis initialement en novembre 1961 et saisis par la police de Papon).
A mettre donc entre toutes les mains pour réveiller les consciences et rétablir la vérité !
Lien : https://collectifpolar.wordp..
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