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Critique de encoredunoir


Abordé à la veille des attentats du 13 novembre dernier, Dawa se révéla, dans l'émotion de ces moments, particulièrement saisissant. C'est que l'histoire de ces jeunes de banlieue mal dans leurs peaux, confits dans un désespoir qui pousse à la haine de la société dans laquelle ils vivent, décidés sous la houlette d'un universitaire bien intégré mais assommé par le poids de son histoire familiale, à se faire sauter dans les grandes gares parisiennes un vendredi 13 au nom d'un islam mal digéré avait alors un écho bien particulier. La presse ne s'y est pas trompée, qui s'est saisie du roman de Suaudeau pour y voir une sorte de vision prophétique, et a offert quelque tribune à l'auteur.
Il va de soi, pourtant, que Dawa n'est rien d'autre qu'un roman qui a pour lui d'être particulièrement bien documenté. Surtout il montre bien comment le roman noir est apte, lorsqu'il est bien mené, a saisir les failles de nos sociétés. Julien Suaudeau, en fin de compte, n'a fait que mettre en musique un morceau qui existait déjà ; il a réuni de fragments, les a assemblé, a extrapolé, pour arriver à donner une cohérence à l'ensemble et à le doter de cette force romanesque qui le rend d'autant plus percutant.
Cette histoire d'apprentis terroristes lancés dans un projet destructeur et manipulés autant par celui qui les y a entrainés que par les divers services de renseignements jouant avec bien des intérêts contradictoires – vengeances personnelles, campagne électorale tendue, guerre entre factions – se révèle donc comme un roman ambitieux et clairvoyant. Mené tambour battant, Dawa est de ces livres qui accrochent le lecteur et arrivent à allier l'efficacité et l'intelligence.
On s'y laisse entrainer avec fascination et, aussi, une certaine admiration pour ce premier roman complexe et réussi, même s'il n'est pas exempt de défauts, en particulier quelques fils tirés un peu trop vite, comme cet infiltration de Franck, le policier, et d'autres, comme cet affrontement qui traverse le temps, de la guerre d'Algérie à nos jours, entre Al-Mansour et Paoli, qui s'étirent longtemps pour ne mener finalement pas à grand-chose. Cela dit, répétons-le, intelligent, engagé à sa manière et d'une efficacité redoutable, Dawa mérite incontestablement les éloges qui lui ont été faits.

Lien : http://www.encoredunoir.com/..
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