AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,56

sur 88 notes
Voilà un premier roman et un auteur Julien Suaudeau qui devrait faire parler de lui.
Car c'est pour moi, une vraie et belle surprise.
Fiction mélangeant habilement terrorisme, politique, désespérance sociale, solitude, vengeance. Un cocktail savamment dosé, passionnant de bout en bout. L'analyse de Suaudeau est pessimiste, reflet d'une société qui ne croit plus au discours politique.
Echec de l'intégration, pauvreté du débat politique, il y a belle lurette que l'espoir a fait ces valises. Chacun s'accommode pour rendre son existence vivable.
Des personnages complexes qui luttent contre leurs démons intérieurs. Suaudeau ne les juge pas, chacun va au bout de sa logique.
Les dialogues sont à la hauteur de l'intrigue, jamais pontifiants, ils sonnent justes et apportent une belle densité à l'ensemble.
« Dawa » c'est noir, la génération « Black, blanc, beur » n'est plus qu'une utopie, la déliquescence de notre société en marche. Espérons que Julien Suaudeau se trompe. On peut rêver.

Un grand merci aux Editions Robert Laffont et à Babelio.

Commenter  J’apprécie          902
Allez, courage, un pas en avant! N'attendons pas que le couperet tombe, J-5...
J-4... Ne procrastinons plus, jetons-nous courageusement à l' eau sans noyer le bébé avec bien entendu!
Dawa m' est rapidement sorti par les yeux, cinquante, soixante pages plus loin, mais quoi Lorraine, tu nous pètes une durite? C'est pourtant un polar, tu adores les polars: pour toi c'est comme un scone tiède avec de la clotted cream, le bon Dieu en culottes de velours!
Le sujet, revenons au sujet! Nous sommes en banlieue parisienne, la cité des trois mille, la banlieue nord de la capitale: "la banlieue c'est pas rose la banlieue c'est morose" comme l'écrit mon philosophe préféré.
Assan est un algérien immigré de la deuxième génération au parcours remarquable: Science Po, enseignant à la fac de Paris VIII, le seul hic serait la jeune fille qu'il fréquente, nouvellement convertie à l'islam et qui évoluerait dans les milieux intégristes.
La section antiterroriste est sur les dents!
Et moi sur reculoir car je n'ai pas du tout accroché à cause des phrases proustiennes et alambiquées de Julien Suaudeau!
Ce tout premier livre d'un auteur que l'on sent épris d'informer à travers son roman est très prometteur mais un roman ne se conçoit pas comme un article de journal même si Zola est passé par là!
Je remercie tout de même Babelio et les éditions Robert Laffont pour cet envoi dans le cadre de la dernière masse critique, et je promets d'essayer plus tard de relire ce roman que je n'ai peut-être pas su apprécier à sa juste valeur!

Commenter  J’apprécie          512
Paris tremble : une vidéo a été diffusée sur internet montrant un commando suicide annonçant leur intention de faire éclater 5 bombes dans des endroits d'affluence le 13 mars prochain. Paoli, le directeur du service renseignement intérieur, a deux semaines pour éviter la catastrophe.
Mais tout n'est pas si simple dans la ville des lumières. On est en période d'élections municipales. le représentant du culte musulman, Ferhaoui, grand ami du maire sortant, et secrètement attentif aux intérêts du Qatar, donne un nom à surveiller à la police française. Paoli est un enfant d'Algérie qui, en 62, a vu ses parents assassinés sous ses yeux par des membres du FNL. le nom donné par Ferhaoui, Bakiri, est celui du descendant de cet assassin dont il a juré de se venger. En parallèle, la DGSE cherche à le faire démettre de son poste. L'adjoint de Paoli, Franck, jongle entre l'investissement dans cette mission et l'érosion de sa vie de famille, avec une petite fille, Zoé, qu'il voit un weekend sur quatre et la femme qu'il aime vivant loin de lui depuis qu'elle a demandé le divorce. Elle, elle est journaliste et cherche à se faire un nom, avec un scoop. Elle est chargée d'interviewer Hélène Faure, candidate sans parti institutionnel à la mairie de Paris, outsider qui fait trembler les candidats sur leur fauteuil et a des chances de l'emporter. Assan Bakiri s'en est bien sorti dans la vie depuis que sa famille a quitté l'Algérie ; il est professeur d'université, vit dans un pavillon de la cité des 3000 avec son père, le fameux mercenaire du FNL, à présent diminué tant physiquement que mentalement par la maladie d'Alzheimer. Amoureux sans espoir de Zohra, la compagne de son frère mort en martyre pour l'Islam, il décide lui de tirer le rideau sur cette vie-ci au cours d'un évènement qui saura supplanter les actions de son frère. Momo aussi vit dans la cité des 3000. Lui a une chance de s'en sortir : après une petite carrière de délinquant, aux ordres du Tchétchène, le boss de la cité, il est sélectionné pour participer à un tournoi de boxe qui pourrait faire de lui un boxeur professionnel. Et puis la belle Sybille aime se pendre à son bras. Issue de la bourgeoisie parisienne, elle rêve de vivre la vraie vie, pas comme ses planqués de parents, et se prend pour une dure parce qu'elle traverse les banlieues chaude de la région parisienne au bras de son amant.

J'arrête là mon résumé de cette histoire, même s'il y a des personnages non évoqués qui ont une importance certaine dans le récit (pour en citer quelques-uns : Soul bien sûr, le ministre de l'intérieur, Delphine, Alex…).
En écrivant ce synopsis, je me dis que là est le problème de "Dawa" : il a trop de tout ! Trop de personnages, on s'y perd. Trop de milieux évoqués. Trop d'intérêts divergents. Trop de stratégies en tout genre. Trop de corruption. Trop de tenants et d'aboutissants. Chaque personnage mène sa guerre personnelle, de vengeance, de rébellion, d'espoir, de gloire, de pouvoir… Julien Suaudeau évoque trop de sujets, trop d'histoires personnelles. Chaque personnage à droit à l'évocation de son passé, de ses motivations, de ses doutes, du peu de choix qui s'offrent à lui. Ses phrases, pour évoquer la vie dans les cités, la politique, la justice, etc… sont trop longues, superposition de propositions qui n'en finissent pas de perdre leur lecteur au détour d'une virgule.
Et c'est bien dommage. Car ce premier roman de Suaudeau a quand même de grandes qualités : qu'il évoque la vie des cités ou les méandres de la politique, le discours est documenté, argumenté, ultra-réaliste. Certaines formulations font mouche. Les personnages sont fouillés, même s'ils franchissent parfois d'un pas allègre la frontière qui mène à la caricature. le fond est intelligent, le monde décrit n'est pas noir et blanc, et chaque personnage subit son destin autant qu'il en décide.
Il n'empêche qu'à tout prendre, comme le fait cet ouvrage, j'ai trouvé le temps long, sauf sur les 100 dernières pages où l'histoire s'accélère. Il y a trop d'ambition derrière ces pages, et le récit aurait gagné en lisibilité et en puissance en étant plus synthétique. Dommage !
Un grand merci aux Editions Robert Laffont et à Babelio pour cette découverte.
Commenter  J’apprécie          261
Un pavé en plein visage, c'est la sensation que j'ai éprouvé à la lecture des premières pages de ce livre. Et quand on reçoit un pavé en plein visage, et bien ça met de mauvaise humeur, ça met en colère et ça donne envie de le renvoyer à l'expéditeur.
Ce livre, DAWA , ressemble à un parpaing par sa forme, par la couleur de la couverture et son toucher granuleux, râpeux sous les doigts, et ces quatre lettres majuscules écrites au pochoir vous regardent d'un sale oeil.
Je me suis donc sentie agressée, agressée par le ton de ce livre entre vindicte et dédain. Exaspération d'autant plus forte que l'auteur est français et vit depuis huit ans aux Etats-Unis. Normalement, j'aurai du me débarrasser de ce « pavé » au bout d'une centaine de pages. Mais, reçu grâce à la Masse Critique, je me suis sentie obligée d'en achever la lecture, et maintenant, le livre terminé, je m'en rejouis.

Ce roman noir, ce sont deux tornades qui s'entrechoquent pour prendre plus de force.
La première prend son départ chez un homme, « Al-Mansour, le Victorieux, le fellaga terrible (qui) a tout perdu ». Aujourd'hui, il est ce vieillard flétri, atteint de la maladie d'alzeimer qui attend, l'enfant, ce petit garçon de onze ans devant lequel il a tué le père il y a une cinquantaine d'années. Mais il y a aussi ses fils, qu'il a entraîné dans une vie de ravage. Si l'un d'eux est mort, l'autre le hait. Ces deux hommes, l'enfant devenu directeur des services secrets, et son second fils Assan, professeur en faculté d'arabe, ne vivent que pour se venger de lui.
La seconde tornade, ce sont les municipales de mars 2014, dont la course au pouvoir est dynamitée par la menace d'un attentat à la bombe d'un groupe de djihadistes. Tout cela sur un fond de marigot entre lutte de pouvoirs, colonisation en devenir de la société française par les finances du Qatar de tous (ou presque) des points clés de notre belle démocratie en cours d'effondrement.

Deux « aires de jeux » : les beaux quartiers parisiens et la cité des 3000 à Aulnay.

Souvent les premiers romans reposent sur des données autobiographiques. Julien Suaudeau me donne plutôt l'impression de construire son récit sur son travail de journaliste d'investigation et de réalisateur et scénariste de documentaires et court-métrages. La politique il connaît et elle le passionne sans aucun doute . En 2004 il avait réalisé un documentaire consacré à la lutte des prétendants à la succession du Président de la Côte d'Ivoire Houphouët-Boigny. Il connait parfaitement les circuits politiques, financiers et policiers, leurs imbrications et leur ressorts, les chemins pour faire carrière.
En janvier dernier, il publie un article sur l'affaire Dieudonné , où se retrouvent toutes les grandes lignes de son roman : la souffrance et la détresse de ceux qui vivent au 3000, abandonnés par la puissance publique et reprise en main par les gangs qui y font la loi, la scission de la société avec le risque de voir apparaître de nouveaux boucs émissaires, etc...
Il connaît également le milieu de ces seconde, troisième génération d'émigrés plus ou moins impliqués dans le « deal », de leurs difficultés et de leurs amertumes, mais aussi de leur force.

Tout cela pour saluer le brio avec lequel il entraîne son lecteur dans une plongée infernale et sombre de ces deux sociétés, séparées par ce mur qu'est le périph, mais pas que.

Le thème dominant, celui de la vengeance : comment elle pourrit la vie de celui qui s'y consacre et pourrit celle de sa famille, ses enfants. Rien du glamour de « Colomba ». La vengeance est une spirale infinie « « Mais la vraie question, fils, ce n'est pas de qui on se venge. C'est qui se vengera de nous. »
Le recrutement pour le djihad est souvent imputé à un lavage de cerveau. Or ici, l'embrigadement des jeunes prêts à se faire exploser, ce n'est pas la raison profonde de leur engagement, ni leur désir de suicide, mais aussi « la soif d'aventure, de discipline et le désir d'accomplir des actes héroïques, de transgresser des interdits tout en servant une cause plus grande que soi » . Provocateur ce raisonnement ? Oui, mais aussi généreux. Dans ce roman, il y a aussi ces jeunes qui s'engagent et s'épaulent, se réchauffent.

C'est l'autre point fort de M. Suaudeau : sa profonde tendresse pour ses héros. Même pour Al-Mansour, le vieux fellaga, même pour son fils qui veut mettre Paris à feu et à sang, même pour ces politicars coincés. Il décrit avec la même attention ces jeunes lascars et leur devenir : ou dépouille jeté dans un terrain vague, ou chef de gang, en attente d'être supplanté, ou vieux errant dans la cité.
Par contre il est sans pitié, ni pour la gouvernance, ni pour la société française des nantis et bobos de tout poil.

Son écriture est fluide et provocante. Elle gratte là où ça fait mal. Ou du moins, c'est ainsi que je la ressens. de belles trouvailles, pleines de finesse.
Maestria dans la composition du récit : de petits chapitres qui tissent au fur et à mesure et la densité des personnages, et leurs cheminements, et l'avancée de l'intrigue. C'est vrai qu'il est un scénariste expérimenté.
En filigrane, l'image du père, comment il construit (ou ne construit pas, détruit) le futur adulte. L'importance pour l'enfant de voir ses progrès reconnu par l'adulte, par sa fratrie. Et aussi le deuil (quasi impossible) à faire de l'enfance.

Et puis, après avoir beaucoup rouspéter, tempêter , son roman m'a ouvert quelques axes de réflexion.

Joli coup de communication aussi de le publier juste avant les élections.

Ce qui me restera de ce roman ? Lucidité et tendresse.

Un joli court-métrage de Julien Seaudeau raconte bien l'histoire d'une « ré-insertion » dans la vie familiale : « Une pierre au coeur » (http://www.youtube.com/watch?v=8usG0mFleUE).
Parce qu'ils ont tous une sacrée pierre au coeur tous ces personnage de « Dawa ».

Merci pour cette "masse critique" qui m'a fait passer, en quelques pages, de la colère à l'enthousiasme.
Commenter  J’apprécie          250
Terrorisme: 5 attaques-suicides annoncées d'ici 15 jours.
"Il faut détruire Paris", prévient le commando Dawa.
Ce pourrait être le titre phare du prochain journal de 20h!

Une vidéo sur le net et c'est le remue-ménage dans toutes les strates de notre société.

Chez les gentils, on retrouve la cellule anti terrorisme en brainstormings, des policiers de terrain intuitifs et revanchards, des politiciens opportunistes, des hommes de l'ombre des cabinets, des journalistes au dents longues... Et un fonctionnement étatique discutable sur fond de secrets d'état, d'egos d'électrons libres et d'alliances géo-politiques improbables.

Et les méchants sont tous dans le camp du monde arabo-musulman, dans les banlieues et leurs cités, territoires-vivier de haine et de violence, de chômeurs, de trafics en tout genre, et de jeunes sans avenir.

Et en fait, ce n'est pas si simple...
Et bien plus que la trame terroriste, j'ai aimé le contexte social et politique.

Julien Suaudeau offre un thriller très actuel et d'une bien triste réalité, où tout manichéisme est gommé, où la part d'ombre de chaque personnage donne une densité crédible et désespérante à la narration. La psychologie y a la part belle au détriment de l'action. Certains VIP de notre monde politique se dénichent avec amusement ( j'ai particulièrement aimé le "matamore" de la place Beauvau). Les rouages de la mécanique étatique se positionnent sur un large éventail de tensions internes, d'inimitiés personnelles et de compromissions minables.
Vu de mon fauteuil de lectrice, ça semble tellement vrai!

La plume de l'auteur est alerte, virulente, sans langue de bois, brillante dans les dialogues. C'est un vrai plaisir de suivre certaines discussions. Dans le contexte noir du propos, l'humour ou l'ironie sont vivifiants. Julien Suaudeau nous offre sa petite philosophie personnelle et un regard plutôt pessimiste sur notre société.

Il reste un livre agréable bien qu'un peu long, bien écrit, assez documenté dans la narration pour provoquer spontanément ses images de bon thriller politico-terroriste.
Commenter  J’apprécie          200
Dawa c'est l'appel aux musulmans mais c'est aussi le foutoir. Dawa c'est bien ce qui règne dans cette France au bord de l'implosion. Les hommes politiques sont impuissants, la police et les services de renseignements se font la guerre. Les CRS peinent à maintenir l'ordre dans les banlieues. Les jeunes issus des banlieues n'ont pas d'espérances et leur avenir s'arrête aux limites du périphériques.

Julien Suaudeau met en scène une galerie de personnages devant recouvrir tous les aspects de la société. Dans la présentation on faisait allusion à Balzac. Pourquoi pas? Mais à la lecture on se rend compte que cela était présomptueux. C'est malheureux à dire mais j'ai trouvé les personnages très clichés, surtout ceux des jeunes. Bien que devant représenter une réalité, ils cumulaient trop de stéréotypes pour être réalistes. Par moment j'avais l'impression de me trouver dans un mauvais reportage de TF1. du côté des représentants des institutions, c'était le même constat. Les flics n'arrivent pas à sortir du schéma "trop de travail donc fin du couple. Les politiques en place sont insipides, ce sont leurs conseillers qui ont le plus grand rôle.

Le romans se situe dans un contexte d'élections municipales ce qui fait écho à l'actualité. Ce fait donne le sentiment d'avoir plus à faire à une oeuvre journalistique qu'à une oeuvre littéraire. Peut-être en raison d'une volonté de s'ancrer dans une réalité datée, Dawa n'acquièrera pas le caractère intemporel des oeuvres De Balzac.
Commenter  J’apprécie          150
« Dawa » premier roman de presque 600 pages de Julien SUAUDEAU n'est pas au sens propre du terme un thriller mais plutôt un polar sociopolitique !

Difficile d'en raconter l'intrigue en quelques lignes :

A la veille de l'indépendance algérienne, un enfant voit ses parents mourir sous ses yeux. Devenu adulte, il n'aura de cesse de se venger. Un demi-siècle plus tard, un groupe terroriste annonce que cinq bombes vont exploser dans Paris. Quel lien existe-t-il entre ces deux affaires ? Au milieu de ces deux évènements, la cité des 3000 d'Aulnay-sous-Bois avec sa population en totale déperdition, les services du renseignement intérieur et du contre espionnage et pour finir les instances musulmanes françaises en cheville avec les politiciens de tout bord, compromis à la limite de la corruption afin de servir leur besoin de réussite personnelle ! Je m'arrêterai là pour l'intrigue.

« Dawa » est un roman dense dans lequel Julien SUAUDEAU nous dépeint des personnages écorchés vifs, terriblement seuls, quelque soit le milieu social auquel ils appartiennent, menant chacun de leur côté sa guerre personnelle, sa vengeance, sa rébellion. Il nous décrit au vitriol tout ce qui représente pour lui la France d'aujourd'hui : la menace terroriste islamiste, des cités en ébullition et un pouvoir politique totalement dépassé , bref une République en totale faillite.

Ce roman reste avant tout une fiction mêlant il est vrai différents thèmes tristement réalistes de nos jours : le terrorisme, le désespoir social, la solitude….

Malgré de nombreuses longueurs, j'ai pour ma part beaucoup apprécié cette lecture. Certes c'est un roman très noir, d'un pessimisme extrême sans la moindre lueur d'espoir. Mais je veux y voir également un immense cri de colère de la part de son auteur, qui tape là où ça fait mal sans aucune concession, contre ces instances politiques qui depuis tant d'années ont baissé les bras ! Et pour moi c'est cela aussi la lecture !

Commenter  J’apprécie          140
Une vidéo inquiétante est massivement partagée sur les réseaux sociaux. Cinq hommes cagoulés y apparaissent assis en tailleur devant une bannière portant une inscription en arabe. Des explosifs et des détonateurs sont posés sur une table. le groupe terroriste nommé «Dawa al-Islamiya» promet de mettre Paris à feu et à sang dans un délai de quinze jours. L'homme qui a pris la parole au nom du groupe a parlé un français sans accent. « Da'wa » est littéralement l'appel à rejoindre les enseignements du prophète dans l'islam mais il a pris un sens plus commun puisqu'il désigne aussi le désordre social, le bordel. Nous sommes à la veille d'élections municipales. La panique s'empare de l'opinion publique. Pascal Paoli, le patron du renseignement intérieur, met tout en oeuvre pour identifier et arrêter les membres du réseau. le temps est compté.

Julien Suaudeau dépeint une République en faillite. Deux mondes coexistent : d'un côté les beaux quartiers et les ministères avec leurs luttes de pouvoir intestines faites de coups foireux ; de l'autre, les banlieues de Seine-Saint-Denis où le seul ordre qui prévaut, c'est celui des trafiquants de drogue. L'auteur sait évoquer le poids du passé colonial de la France, l'influence grandissante des investisseurs qataris et l'absence de valeurs et la perte du goût de l'intérêt collectif. de la part des élites politiques

Le roman est d'une construction aboutie. Les scènes se succèdent, haletantes, avec l'angoisse de l'ultimatum annoncé par le groupe terroriste. le lecteur suit une galerie de personnages, du petit dealer au Directeur de cabinet ; cette diversité des personnages symboliques permet de balayer l'ensemble d'une société en crise. Tout est plausible, on se demande parfois quand commence la fiction, à quelques exceptions près, notamment les apparitions abracadabrantesques de la CIA.

La force de ce roman est qu'il est porté par un message politique précisé par l'auteur dans une entrevue : "Je suis exaspéré par ce contresens absolu qui nous fait croire à un clash ethnoculturel entre la France blanche et chrétienne et la France issue de l'immigration, alors que les constructions identitaires résultent d'une bonne vieille lutte des classes entre ceux qui sont dedans et ceux qui sont dehors". Le problème est donc social et non pas culturel ou idéologique à l'image de ces jeunes français qui deviennent kamikazes moins par conviction religieuse que pour se venger d'une société qui les a rejetés.

Julien Suaudeau dresse un portait amer et noir de la société française d'aujourd'hui pour en dénoncer les disparités sociales et les reniements de la République. Un roman contemporain et militant. Un roman choc.
Commenter  J’apprécie          140
Premier roman de Julien Suaudeau, à 39 ans qui vit depuis 5 années à Philadelphie. Ce qui est étonnant, parce que la trame de ce roman relate parfaitement l'état d'esprit de la banlieue nord de Paris actuellement et depuis plusieurs années.
Les 3000 à Aulnay, Paris, le 9-3 le cadre est posé, la rancoeur, l'impression de ne pas être vus, pas compris, pas aidés, le foyer de cet incendie est près à être ravivé à n'importe quel moment. Les politiques qui, cherchant davantage à se faire ré-élire ou à prendre ou conserver les places intéressantes, se laissent corrompre par des mains pleines d'argent. Tandis que les policiers désabusés, ne savent plus ce qu'ils doivent faire ! On ne travaille pas ! Mais on passe beaucoup plus de temps à chercher, mettre au point, et réaliser des plans pour prendre aux autres ce qui leur manque : l'argent. Un monde sous marin vit autour de cela.
C'est dans cette ambiance qu'un petit réseau s'organise pour faire un "coup" avec plusieurs objectifs visés. Il faut lire le roman pour en savoir davantage.

Cet un bon premier roman, mais il est parfois un peu long dans la description de certains faits. Il y a plusieurs moment de poésie, de nostalgie aussi, et on ressent que l'auteur à côtoyé les 3 éléments protagonistes : la banlieue, la police, les politiques. Il ne prend pas parti pour un des camps, même si on aimerait qu'il le fasse, on vit ce qu'il écrit et on se dit ; « mais quand va-t-il nous dire pour qui il est ? » Non, il relate, comme un journaliste parfaitement objectif, et c'est pas si mal, puisqu'en fin de compte on possède tous les éléments pour juger soit-même.
Je ferai un petit reproche à Julien Suaudeau : les phrases sont très souvent beaucoup trop longues. Ce n'est pas facile à suivre, il faut les relire pour en comprendre le sens. Très bon roman qui attend peut-être une suite…
Commenter  J’apprécie          130
Julien Suaudeau livre avec Dawa un copie noire et dense sur un sujet peut-être encore tabou : le terrorisme lié à la religion. Si le sujet, vaste, est ici superbement traité - on entre véritablement dans les arcanes de ces cellules fondamentalistes - , le style de l'écrivain pêche quant à lui devant la multiplicité de la tache à accomplir. Dans le genre, DOA m'avait semblé plus pertinent.
Dawa, c'est le bordel qu'on ressent un peu trop à la lecture d'un roman qui digresse parfois et oublie de se concentrer sur son motif originel et fondamental mais que le lecteur pondère aisément en n'oubliant pas la qualité de premier roman de l'ouvrage.
Il y a fort à parier qu'on entendra reparler de Julien Suaudeau avant longtemps.
Commenter  J’apprécie          120




Lecteurs (194) Voir plus



Quiz Voir plus

Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (6 - polars et thrillers )

Roger-Jon Ellory : " **** le silence"

seul
profond
terrible
intense

20 questions
2864 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature , thriller , romans policiers et polarsCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..