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Critique de ibon


ibon
18 décembre 2019
L'auteur le plus lu du XIXème siècle (c'est le préfacier Francis Lacassin qui le dit) ne l'est plus du tout actuellement. Quel dommage!
A titre d'exemple, il n'y a guère que 39 personnes qui ont noté ce livre alors que c'est un chef d'oeuvre d'aventures, de magouilles et d'émotions avec un scénario d'exception.

Oh, le brave Eugène sait y faire pour attirer le lecteur! Des rebondissements réguliers, des frissons, des aventures parisiennes, sibériennes, napoléoniennes ou orientales dans la secte des étrangleurs! Et il mobilise même le célèbre Juif errant pour apporter une touche fantastique à son récit.

Paru sous la forme d'une feuilleton, on comprend l'engouement du lecteur de 1844 pour connaître la suite du récit.

Et cela fera 1100 pages et c'est écrit tout petit.

Il faudra sûrement regretter sa longueur car la première salve d'aventures terminée, il faut user de patience pour retrouver de l'allant du fait d'une deuxième partie plus laborieuse avec l'installation d'une nouvelle intrigue plus tarabiscotée.

Mais l'écrivain est inspiré, il emmène le lecteur hors là comme dirait Maupassant, sur tous les continents, et il lie l'ensemble de manière pratique grâce à l'histoire avec un grand H et une sombre affaire d'héritage.

Eugène Sue a aussi une pensée politique et il n'hésite pas, tel un Hugo ou un Tolstoï, à dévoiler des prises de position enflammées pour les plus démunis. Dans le récit ce sont les couturières du XIX ème siècle ou les ouvriers de la forge qui, sous-payés, s'alimentent moins, ne se chauffent plus, tombent malades et meurent dans l'indifférence. le récit pose ce diagnostic effarant sur la misère ouvrière mais il propose aussi des solutions, chiffrées et peu coûteuses, pour améliorer les choses.

L'autre combat d'Eugène Sue, celui qui concentre la plus grande part de ses critiques, celui qui attise le plus sa colère va à l'encontre d'une célèbre congrégation religieuse dont le roman dissimule quelque temps le nom pour entretenir le suspense.
Présentés comme hypocrites et cupides, ces religieux, très puissants, sont le carburant principal de cette tragédie humaine. Ils offrent l'un des plus beaux méchants que j'ai lu mais il ne faut le nommer car il fait partie du coup de théâtre de la fin de la première partie.

Je n'en dirai pas plus: lisez ce roman "à la Dumas", vous ne serez pas de Sue.
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