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Critique de Denis_76


Yalla !
Lutteuse, passionnée, autoritaire, grande gueule, vaniteuse, cabotine, théâtrale, charmeuse, exaltée, imaginative, Madeleine n'avait rien de la discrétion nécessaire pour devenir bonne soeur, et elle en a fait baver aux supérieures qu'elle a finalement convaincues, malgré son hésitation entre épouser le Christ et draguer son professeur de philosophie !
Mais c'est précisément grâce à son fichu caractère de maîtresse femme qu'elle a réalisé de grandes choses ; tout au long de sa longue carrière, le Napoléon à cornette a sauvé 60.000 enfants de la misère, de la prostitution, du vol, de la drogue et même des assassinats.
Franco-belge, Madeleine, née en 1908, a vu son père se noyer lorsqu'elle avait 6 ans. Devenue Soeur Emmanuelle, après avoir intégré la Congrégation de Notre Dame de Sion, elle a été en poste à Istamboul, Tunis et Alexandrie, où elle a enseigné, prenant plaisir à rassembler musulmanes, chrétiennes et juives ; puis elle a réussi, à force d'insistance, à intégrer un bidonville en banlieue du Caire, au sein des chiffonnières, où elle a vécu pendant plus de vingt ans, créant , à force de relations, écoles et dispensaires, aidée par des autochtones comme Labib et Soeur Sara.
Ensuite, elle a été appelée au Soudan, et s'est occupée des enfants réfugiés du sud-Soudan, puis a vu les atrocités de la guerre au Liban.
Grâce à l'aide de Jacques Delors et Bernard Kouchner, elle a pu mobiliser des fonds pour, partout où elle est passée, créer des écoles et dispensaires.
Soeur Emmanuelle a pris la nationalité égyptienne. Sa congrégation l'a forcée à s'arrêter pour prendre sa retraite. Elle voulait faire des choses jusqu'à 96 ans, mais elle est tombée dans le coma alors qu'elle faisait une conférence. Elle a repris, malgré tout, du poil de la bête, mais n'était plus aussi active. Elle s'est éteinte en 2008, à 99 ans.
Elle a rencontré Jean-Paul II, l'abbé Pierre, et mère Teresa, qui, tous trois, l'ont marquée.
Elle s'est insurgée contre la médiatisation de sa personne qui, si elle l'a aidé à récolter des fonds et à flater sa vanité, laissait dans l'ombre quantité de personnes actives auprès de la pauvreté.
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Ce livre rencontre mes valeurs, décrites dans "L'homme cardinal" ; et même si je n'ai pas eu le courage d'aller au bout de mes idées comme cette femme, ses actions, les réactions des pauvres et personnes méprisées en qui elle a donné confiance, m'ont émues au plus haut point.
Femme d'action et de discours, c'est avec la collaboration d'amis qu'elle a pu mener, presque jusqu'au terme de sa vie, l'écriture de ce beau livre que je vous recommande.

"En un éclair, le souvenir de l'abbé Pierre m'est revenu. J'ai tenté de mettre mon coeur dans mes yeux en me tournant vers cet homme à l'air agressif."
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