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Critique de florigny


Les quatre pin-up illustrant la couverture de la réédition 10/18 de la vallée des poupées écrit en 1966 ne sont pas les seules poupées dont il est question dans ce roman, considéré comme scandaleux au moment de sa parution. Jacqueline Susann dresse un constat féroce, cruel et quelquefois poignant du monde du show-biz, et de l'american way of life.


En 1945, les jeunes hommes rentrent de la seconde boucherie, les jeunes filles rêvent d'émancipation. Un puissant vent de liberté souffle sur les Etats-Unis comme ailleurs, tous les possibles sont dans ce monde en reconstruction à portée de main de ceux qui savent saisir leur chance. Ann, Jennifer, et Neely se rencontrent à New-York, qu'elles ont rallié pour échapper à leur triste enfance à la campagne où le seul avenir envisageable est d'épouser un plouc qui dispose de leur corps. Or, une plastique irréprochable est un capital lorsque l'on est ambitieuse. Candides, elles sont prêtes à des sacrifices pour réussir, et à New-York, tout apparaît réalisable. Changer de nom, tricher sur son âge, démarrer une carrière de mannequin ou de chanteuse, à condition de... Elles ne savent pas encore à quoi elles seront exposées, manipulations, chantages, combines, jalousies, et plus si affinités.


Cornaquées par des agents expérimentés qui la jouent paternalistes pour mieux les exploiter, elles parviennent à obtenir deux phrases de répliques dans une pièce ou un contrat minable à condition de perdre 7 kilos, car 57 kilos pour une mètre soixante-sept c'est le début de l'obésité morbide. Sentimentalement et sexuellement, les naïves connaissent un peu le meilleur et beaucoup le pire, soumises aux risques en vigueur à l'époque : grossesses involontaires, suites d'avortements clandestins cataclysmiques, alors qu'elles ne souhaitent que rencontrer un prince charmant, de préférence riche, qui les rendent heureuses.


Le rythme effréné du show-biz les oblige, pour tenir le coup à utiliser des poupées, dolls en anglais, diminutif de Dolophine, un opioïde. Deux gélules d'amphétamines pour combattre les trois gélules de somnifères, poussées par un whisky et c'est reparti pour un tour... Jusqu'à ce que irrémédiablement tout se déglingue autour d'elles, leurs illusions, leurs rêves, leur santé. A trente ans, elles sont bonnes à jeter, droguées et alcooliques, en désintox, mariées et trompées, au bout du rouleau, désenchantées, parfois mortes.


J'ai beaucoup apprécié cette re-lecture. J'ai été stupéfaite de constater que ce roman est intemporel. Il aurait pu être écrit aujourd'hui, rien n'a vieilli, tout est toujours d'actualité, voire aggravé de nos jours. Rédigé presque tout en dialogues, il peut apparaître à certains moments un peu long ou redondant mais la chute est lente après une ascension rapide. Trois belles histoires enchevêtrées de femmes, suivies par Jacqueline Susann durant une vingtaine d'années, broyées par un système, qui rappellent les destins tragiques de nombreuses candidates connues ou anonymes à la célébrité.
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