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Critique de fanfanouche24


Un inédit de cette grande dame des lettres hongroises, dévoré en 48
heures !
Comme dans mes souvenirs anciens de lectures de cette auteure, j'ai éprouvé une même sensation de densité, de sensibilité extrême pour analyser les situations, individuelles comme collectives…

Dans ce roman, un écheveau entrecroisé entre l'individu et l'histoire, accompagnant la description et l'analyse d'un amour absolu, fusionnel entre un père militaire [ en vérité, insoumis, et résistant] et sa fille unique, adolescente, qui du jour au lendemain se retrouve dans une pension calviniste , d'une sévérité sans pareille [ d'où son qualificatif de
« forteresse »], séparée de son père adoré, sans que ce dernier ne lui apporte aucune explication…
A tel point, que « notre » adolescente, Gina, imaginera que son père se prépare à se remarier, et que la nouvelle femme ne veut pas d'elle ! Nous découvrirons plus tard, qu'il n'en est rien.

Il faudra que Gina menace , après une évasion manquée, de recommencer pour que son père se décide à lui révéler la vérité, qu'il trouvait trop
lourde pour son enfant… Je n'en dirai pas plus !!

C'est là, que la Grande Histoire et l'histoire de la Hongrie [pendant le second conflit Mondial] entrent en scène ; Se dessine la figure d'un père rebelle, allant à l'encontre de l'opinion du plus grand nombre et de la propagande de l'état communiste… terrifiante !!

Heureuse de retrouver l'univers de cette écrivaine hongroise, découverte dans les années 2000, lorsque l'éditrice , Viviane Hamy nous l'a fait découvrir en France…
J'ai lu « La Balade d'Iza », « Rue Kabalin », mais le texte qui m'a durablement marquée, comme tant de lecteurs, se trouve être « La Porte » !

Ce roman, inédit, récit initiatique, d'apprentissage est publié pour le 100e anniversaire de la naissance de Magda Zsabo…

Nous y trouvons parallèlement à la trame historique, une analyse très subtile des états d'âme d'une adolescente, perdue dans un pensionnat inhumain, où par exaspération contre trop d'interdits, de règles absurdes, et par balourdise, Gina se met à dos toutes ses camarades, aux débuts de son entrée dans cette institution . Un lieu d'enfermement et de dressage, avec une cohorte de règles et de contraintes, même si le lieu reste réputé pour son enseignement !!!

A l'extérieur, un pays divisé, où les résistants refusant une guerre , leur paraissant inutile, sont pourchassés et tués…

"Ce fut une des expériences qui ne prirent sens que plus tard dans la mémoire de Gina. Tous ces soldats soudain muets, les yeux fixés sur elles- elle comprit plus tard qu'en voyant les Matuliennes, ces garçons qui partaient au-delà de la frontière avaient pensé à leurs enfants ou à leur famille, ils avaient pensé à leur lopin de terre, à leur jardin, au grand ordre de la nature qui fait mûrir les récoltes en automne, et à laquelle les hommes obéissent depuis la nuit des temps; et c'est ce que ces soldats auraient fait eux aussi, si le train ne les avait pas emmenés pour tuer ou être tués. (p. 205)"

Je profite de cette chronique pour remercier abondamment le travail d'excellence de son éditrice française, Viviane Hamy, qui nous a permis depuis de nombreuses années de lire cette femme de plume, elle-même personnage exceptionnel, résistante de la première heure au régime communiste, à l'univers romanesque si particulier ...

Un don de la narration, de la psychologie des personnages , un sens du suspens et des dialogues... Un tout, d'une très belle allure, envoûtant !!...

Comme je l'ai déjà formulé précédemment, j'ai dévoré ce roman d'un trait, prise, captivée par l'amour fou de ce père pour son unique enfant, ses engagements contre le régime, ce qui lui vaudra d'y perdre la vie …les descriptions minutieuses de ce monde clos d'une pension de jeunes filles, de toutes les origines sociales !
Un microcosme des plus complexes , pouvant se révéler « cruel » mais aussi riche d'apprentissages, et de solidarité authentique entre les élèves, contre
cet autre système -miniature , obsédé d'obéissance et de soumission de ses « ouailles » !!

Sans omettre ce que j'ai appris, à travers ce roman, de l'histoire de la Hongrie !


Une lecture- choc… passionnante et bouleversante …qui me donne envie de relire ses autres écrits, avec un oeil différent, plus attentif…au contexte historique, et politique du pays…que je ne connais pas encore suffisamment !

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