AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Sachenka


Magda Szabo est une auteure hongroise que j'ai découverte récemment et tous ses romans que j'ai lus m'ont plu. Son plus connu, La porte, ne fait pas exception. Sur le coup, je ne l'ai pas trouvé exceptionnel mais, plus le temps passe – il continue à m'habiter plusieurs jours après ma lecture –, plus il me laisse une bonne impression. Je me rappelle que ce fut également le cas avec les autres romans de l'auteure. Quel talent !

Dans La porte, la narratrice est une écrivaine (un double de Szabo ?). Elle et son mari se cherchent une femme de ménage et on lui recommande la concierge d'un immeuble voisin. C'est alors qu'Emerence Szeredas fait son entrée dans leur vie. Et quelle entrée ! C'est que cette domestique travaille bien là où elle le veut et pour le prix qui lui convient. Très rapidement, la narratrice se rend compte que, l'entrevue, c'est l'autre qui la mène. « -Je ne lave pas le linge sale de n'importe qui, dit Emerence. » (p. 14) Un peu plus et ses services constituent une faveur…

Ainsi, La porte est un des plus beaux portraits qu'il m'ait été donné de lire. Et pourtant, on est loin des jeunes et jolies femmes de la littérature ! Vieille femme de ménage illetrée, mais encore en pleine possession de ses moyens, Emerence est forte de corps (j'adore la comparaison « telle une Walkyrie ») comme de tête, intransigeante et farouchement indépendante. Elle soulève les passions, dans un sens comme dans l'autre : ses employeurs sont satisfaits de ses services mais ses voisins détestent ses chats qui tuent les pigeons.

Mais Emerence est surtout secrète. À une ou deux exceptions, dont le lieutenant-colonnel et son neveu, personne n'a jamais franchi la porte de son appartement. Que peut-elle bien garder jalousement ? J'adore les mystères. Quoiqu'il en soi, la narratrice gagne peu à peu le respect, la confiance et l'estime de son employée. Mais parfois un pas en avant deux pas en arrière. Leur relation d'une durée de près de vingt ans est ponctuée par des confidences sans lendemain (le passé de la domestique est incroyable) et des malentendus déplorables.

C'est presque une relation amour-haine. La narratrice, forte de ses succès malgré les nombreuses rebuffades, essaie d'apprivoiser cette domestique qui ne laisse personne envahir son intimité. C'est fascinant de voir évoluer cette relation – du moins pendant un moment. Et que font les hommes pendant tout ce temps ? Très peu, ils restent en retrait. Comme dans d'autres romans de Magda Szabo, les femmes occupent le premier plan.

Toutefois, aussi intéressante que soit cette relation inusitée (le mot amitié me semble un peu fort) entre la narratrice et Emerence, je commençais à m'en lasser un tantinet. Surtout passé le deuxième tiers, je lui trouvais quelques longueurs. Puis, d'un coup, l'intrigue part dans tous les sens : Emerence tombe malade, un incendie se déclare, les voisins ne savent plus où donner de la tête, la narratrice est invitée à recevoir un prix en Grèce. Ouf ! Fort heureusement, la finale est venue tout ramasser et clore l'histoire comme elle le méritait. Bravo !
Commenter  J’apprécie          7610



Ont apprécié cette critique (65)voir plus




{* *}