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Critique de La-page-qui-marque


Dans la nuit du 28 au 29 juin 1944, à Lyon, sept Juifs raflés par la milice de Paul Touvier sont fusillés. Il s'agit de représailles à la mort de Philippe Henriot, tué par la résistance. Murielle Szac mêle les voix des condamnés et leur offre un tombeau dans ce court roman percutant.

Dans la crasse de leur geôle, sept Juifs et deux résistants attendent leur mort. Raflés pour des motifs différents, brisés ou non par la torture, tous se confrontent à l'imminence de leur fin alors que l'un deux chante Tosca, l'opéra de Puccini. L'air de celui qui va mourir à l'aube en un autre lieu, en un autre temps, vient résonner alors que tout s'obscurcit.

Dans un huis clos crasseux et douloureux, l'autrice fait se répondre neuf âmes différentes mais unies par les amers hasards de la guerre. Dans la fange de leur prison, ils parlent de leur vie, de leur amour, de leurs espérances. Tantôt misérables, tantôt admirables, dans la souillure de leur captivité ils sont face à eux-mêmes. Parmi eux se trouve le chanteur de Tosca, dont le nom se perd dans les méandres de l'histoire mais qui obsède l'autrice depuis des années.
La plume est poétique et chargée de références mythologiques. Nous plongeons avec effroi dans la réalité de la milice française de 1944, dans l'antre de l'horreur, où plane la figure de Klaus Barbie. Tosca nous rappelle aussi le courage et la force de ceux qui croient plus que tout en la liberté, de ceux qui osent résister.

Avec ce roman saisissant, Murielle Szac réussit son entreprise de rendre sa voix à celui qui fut fauché par les canons et par l'histoire.
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