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Critique de Krout


J'aime le format des nouvelles ; le style minimaliste, l'ambiance épurée, la découverte par le silence.
Un homme fait ses courses.
p.484 "Il détache un sachet en plastique, qu'il n'arrive à ouvrir qu'au bout de plusieurs tentatives..." ( il est vieux. )
"Une palpation, puis il saisit un avocat.
Un seul citron." ( solitude. )

Ici parcourir une galerie de neuf portraits. Des portraits pour marquer le temps, figer le passage dans le temps qui coule inexorablement. Neuf hommes vont s'interroger dans un moment singulier de leur existence, un de ces improbables très rares moments déterministes où il y aura basculement. Des âges différents.

Pas des portraits fantasmés, glorieux de ces héros dégoulinants du sang de leurs malheureuses victimes et portés à l'admiration des générations futures par une abjecte réécriture de l'histoire. Non, l'Europe n'est plus à la conquête mais à la décadence, peuplée d'anti-héros désabusés. Tous au bout de leur réflexion introspective semblent mériter ce "J'ai été con. Point barre. Belle épitaphe..."p.424

J'aime le format des nouvelles et j'aime plus encore quand une histoire mystérieusement s'enroule sur elle-même. Comme une invitation à recommencer autrement la lecture. Ouvrir d'autres portes... et si je m'interrogeais sur cette belle couverture^^ ?

Cet homme dans la réalité, qui ne peut donc que représenter l'auteur ou le lecteur, arrêté devant cet étrange portrait ou un autre homme se reflète de dos dans un miroir. Je crois deviner dans ce tableau les traces d'un chapeau melon. Magritte n'est pas loin. Etrange réflexion, comme si l'homme ne pouvait se regarder en face. Impression de générations qui s'éloignent. Recommencer autrement en voilà une idée surréaliste.

Pas le temps. Le temps est une porte qui claque.

Il paraît qu'un chat a neuf vies. Et si ces neuf tranches de vies, ces neuf portraits de "loosers" cachait le vrai sujet ? Et si ces êtres profondément solitaires qui se cherchent, qui se fuient, portaient une interrogation plus profonde ?
Et si seul le temps qui s'enfuit ?
Le temps qui se perd,
le temps qui ne se rattrape pas,
le temps qui ne s'achète pas.
Et si seul l'éphémère était éternel ?

Et si la réponse était dans l'écriture ? Cette écriture simple, directe, volontairement dépouillée. Et si là était une piste à découvrir...

Merci à Babelio et à Albin Michel de m'avoir offert la possibilité d'approcher David Szalay. Passionnant et profond son roman Ce qu'est l'homme.
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