- À mon avis, dit-elle, il n'est jamais trop tard»
Il se contente de sourire, en se disant : Justement, c'est ça le destin, cette façon de ne comprendre ce qui nous attend que quand il est trop tard pour changer quoi que ce soit. C'est bien pour ça que c'est le destin. Trop tard pour rien y faire.
Il cherche quoi, au juste, le touriste ? À voir des choses ? À découvrir de nouvelles facettes de la vie ? La vie est partout : pas besoin de parcourir l'Europe pour la trouver...
Justement, c'est ça, le destin, cette façon de ne comprendre ce qui nous attend que quand il est trop tard pour changer quoi que ce soit. C'est bien ça que c'est le destin. Trop tard pour rien y faire.
Le temps qui fuit. Voilà ce qui est éternel, c’est cela qui n’a pas de fin. Une chose qui ne se manifeste qu’à travers ses effets sur le monde, ce monde qui – par sa fugacité même – incarne la seule chose qui soit sans fin.
Extraordinaire paradoxe, semble-t-il. (p. 531.)
La veille, il s’était senti sombrer dans une sorte d’obscur crépuscule de l’âme. Un pessimisme épouvantable plusieurs heures d’affilée. En substance, la conviction qu’il avait bousillé sa vie, et que tout était terminé.
Il n’arrive toujours pas à se faire à l’idée qu’il peut vraiment mourir. Que ça peut s’arrêter d’un coup. Ca. Lui. Il voit toujours la mort comme une chose qui peut arriver aux autres ; et d’ailleurs, il perd déjà des amis, des connaissances. Des gens qu’il fréquente depuis des dizaines d’années. Un bon nombre d’entre eux sont déjà morts. Il a assisté à leurs enterrements. Les rangs sont en train de se clairsemer. Mais il n’arrive toujours pas à comprendre – à véritablement comprendre – que lui aussi, il va mourir. Que d’ici dix ans, très probablement, il aura tout simplement disparu.
Combien de moments pareils dans une vie ? Où tout bascule. Pas plus de quelques-uns.
Il se sent écorché, comme décapé, voilà toutes ses terreurs latentes exposées au grand jour.
Ils ont beau être affutés comme des pierres précieuses, ces souvenirs semblent étonnamment petits, lointains, comme observés dans un télescope à l’envers.
En soi, le réveil est une expérience terrible. Tout est toujours là, comme avant. Là, dans le noir.
Sauf qu’à l’instant même du réveil, il n’y a rien. Un instant vide. Une sorte de paix. Puis c’est fini, et tout est revenu. (p. 478.)