Dans ce paysage à l’atmosphère délétère, un petit personnage était aussi en perdition, un voyageur qui marchait en s’aidant d’une canne, au clair de lune. Il savait que le voyageur errait depuis longtemps dans des contrées de plus en plus désertes, parmi des arbres tourmentés et des ruines stylisées, effrayé par les vents et les loups, et peut-être n’y avait-il personne d’autre qui voyageât ainsi dans la nuit et qui fût si seul (p. 230).
Et surtout, ceci : on ne sent pas la fatigue tant qu’on marche, mais seulement quand on s’arrête. La lassitude accumulée en quinze années n’accabla Mihály qu’à Terontola, lorsque par l’effet d’un acte manqué, il était monté dans le train qui l’avait emmené de plus en plus loin d’Erzi, vers la solitude et vers lui-même (p. 88).
La route de Mihály est une pente descendante, même s’il survit, même s’il survit à tout et atteint une vieillesse paisible et ennuyeuse. Nous portons en nous le sens de notre route, et c’est en nous que brillent les étoiles éternelles qui bornent notre destin. (p. 215)
Tant de pèlerins, d’exilés, de fugitifs sont allés à Rome au cours des siècles, et il s’y est passé tant de choses… d’ailleurs, tout s’est toujours passé là-bas. C’est pourquoi on dit que tous les chemins mènent à Rome. Va à Rome, Mihály, ensuite tu verras. […] Laisse-toi guider par le hasard. Remet-en entièrement à lui, n’aie pas de programme…