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Critique de belette2911


Dans ce cas-ci, ce n'est pas du grand Maud Tabachnik. Pas de médiocre non plus, je dirais de "l'entre-deux".

Si vous voulez tout savoir, le livre se lit facilement, sans trop se casser la tête et si vous le ressortiez de votre biblio un an plus tard, vous pourriez le relire tant il ne vous aura pas marqué au fer rouge. Mais sans que cela vous pose problème non plus.

Je vais tâcher de creuser un peu plus.

Première incursion dans le roman historique pour Maud Tabachnik qui est avant tout une spécialiste du thriller (à l'américaine, parfois, souvent, mais pas toujours) et du roman policier.

Ici, elle a choisi une date intéressante, du moins, pour les féru de romans historiques telle que je suis. Oui, chacun son vice.

1306, c'est bien sûr l'année de l'expulsion des juifs du royaume de France (décidément... vous allez croire que je vous en veux) mais c'est aussi l'année qui précède la condamnation puis l'éradication des templiers.

Souvenez-vous du vendredi 13 octobre 1307, jour de l'arrestation des Templiers... et tout cela se terminera par la mort du grand maître Jacques de Molay, brûlé vif à la pointe de l'île de la Cité le 19 mars 1314.

Puisque le roman porte sur ces deux faits historiques, rien d'étonnant à ce que figurent, parmi les principaux personnages, des membres de la communauté juive et ceux des Templiers.

Deux communautés, certes bien différentes et souvent opposées, mais réunies en la circonstance par une même menace, celle de la Mort. Non pas "naturelle", mais légèrement "commanditée" par des hommes sans scrupules, bas de plafond, jaloux, et j'en passe.

Toutefois, s'il est fréquent que je retrouve mes chers templiers (chacun son vice, je vous disais) jouer les têtes d'affiche dans nombreux de mes romans ésotériques ou historiques, il est en revanche plus rare de voir des juifs occuper les premiers rôles (sauf dans les récits de la Seconde Guerre), ou, du moins, de les voir occuper tous les deux, les têtes d'affiches.

Il ne me vient pas à l'esprit un roman que j'aurais lu et où les deux communautés se trouvaient en tête de liste. C'était soit l'un, soit l'autre, ou si un était présent, l'autre était là de manière anecdotique.

C'est là une originalité appréciable, sans compter que nous avons droit à découvrir la vie quotidienne des juifs.

Et pour ceux qui ne le sauraient pas encore (voyage sur Mars, temps de cerveau accordé à une boisson gazeuse), ils étaient à peine tolérés dans la société. Euphémisme, d'ailleurs, le "à peine tolérés".

Accusés de tous les maux, de toutes les épidémies, de toutes les profanations, vilipendés, spoliés, victimes de pogrom sauvages, accusés d'être des usuriers alors que l'église catholique interdisait aux catho de prêter de l'argent. Rien de très réjouissant, vous voyez.

Là où le bât blesse, ce n'est pas dans la description des vexations et des persécutions qu'ils subissent, non, l'auteur s'est donné la peine de faire sonner ça juste.

Le problème vient du personnage principal : Rachel.

Rachel est en effet parée de trop de qualités et de vertus pour en faire une héroïne crédible. C'est Wonder-Woman à elle toute seule.

Elle s'habille en homme, chevauche sans complexe et tire l'épée.

Jeanne d'Arc eut toutes les peines du monde, un siècle plus tard, alors pour une juive à cette époque, c'est science-fiction !

Ajoutons à cela qu'elle fait preuve d'une tolérance à l'égard de tout un chacun (C'est "tu ne jugeras point" puissance mille) et d'une indépendance pour le moins anachronique. Nos arrières grand-mère eurent plus de mal à obtenir le droit de vote pour les femmes.

Wonder Woman, je vous disais. On peut pardonner ça à un auteur de fiction, publiant ses écrits sur le Net pour son plaisir, mais pas chez une romancière professionnelle !

Le personnage de Philippe de Champagne est mieux réalisé. Il est faible, indécis, occupé de ses seuls plaisirs (à quoi pensez-vous ?) mais néanmoins ouvert et curieux, plus en accord avec son époque, et par là même, plus vrai.

A croire que cela marche mieux avec les personnages masculins que féminins : comme si on pouvait parer l'homme de toutes les qualités ou en faire un salaud fini, alors que pour la femme, quelque soit son statut, il doit être tellement subtil qu'il en devient "mission difficile".

D'autant que Philippe de Champagne évolue au fil du récit, il prend de l'envergure, s'interroge et va même jusqu'à contrarier sa nature et risquer sa position. Un personnage multiple et assez attachant, mieux réussi que Rachel.

Pour en finir avec les protagonistes de l'histoire, signalons aussi Jean le Pieux qui campe un méchant pour le coup parfaitement crédible (le méchant doit être réussi dans une histoire), pétrit de haine, rongé par l'ambition.

Sans oublier les Templiers qui ont senti le vent tourner et les représentants de la communauté juive de Troyes, craintifs mais pas totalement soumis.

Pour ce qui est de l'enquête, il faut avouer qu'elle s'avère finalement assez secondaire et sert surtout de révélateur aux ambitions et aux manoeuvres des puissants et sa conclusion sera, somme toute, assez sommaire.

Ce livre vaut donc surtout pour son atmosphère et ses descriptions : la ville de Troyes et son marché, la prison du palais ducal ou l'intérieur d'une maison bourgeoise, la campagne sous la neige, une maison des Templiers, une auberge...

Pas le meilleur, mais pas le pire non plus !
Lien : http://the-cannibal-lecteur...
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