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Critique de isabellelemest


Long monologue d'un vieil homme en train de mourir de la gangrène dans sa villa de Toscane, "Tristano meurt" est le recueil, par un écrivain muet, venu "témoigner pour le témoin", des bribes de souvenirs et de confidences, et pour finir, de la vérité d'un homme devenu jadis un héros du temps de la résistance à l'occupant nazi.
Dans la chaleur caniculaire du mois d'août, dans cette chambre où Tristano souffre et subit céphalées et insomnies, s'élève la voix d'un être qui ne veut pas reconstituer sa vie mais plutôt la relire à la lumière de ses réminiscences proches ou lointaines. du temps de la seconde guerre mondiale, par deux fois, d'abord en Grèce puis dans les montagnes italiennes tenues par les partisans, il a attaqué l'occupant allemand et défendu la liberté. Mais quelle liberté ? Celle des camarades tentés par le stalinisme ? Celle des compromissions de la démocratie virant au libéralisme économique ? Pire encore, celle du "dinguodinge" télévisuel qui interdit aux spectateurs de penser, qui en fait des êtres passifs, "pensés" par un autre ?
À ces incertitudes se mêlent les souvenirs amoureux de deux femmes qui viennent hanter Tristano, l'une, Daphné, une jeune Grecque aux yeux noirs comme des olives, qui le relie à sa terre fondatrice de mythes et de culture, l'autre, Marylin, ou Rosamunda ou Guagliona, une Américaine venue combattre en Espagne puis en Italie et à laquelle le lient regrets et secrets. Dans ces retours en arrière fortuits mais pourvus de sens, transparaissent ça et là des allusions littéraires et artistiques, entre autres le thème récurrent d'une nouvelle d'Hemingway "Des collines comme des éléphants blancs", sans compter nombre d'autres clins d'oeil d'un auteur aux références multiples.
Mais la question qui reste finalement posée est celle de la vérité d'un être, à l'heure des comptes définitifs, dans un temps à la fois compté et immobile, mais aussi celui d'un passé destiné à être transmué en éternité par le travail du témoin-écrivain.
Des moments intensément poétiques, entrecoupés par le flux de conscience et d'inconscience de la voix de Tristano, des réflexions profondes sur le sens de l'écriture et de la vie... Ce livre n'est pas un divertissement, mais il enrichit à chaque page le lecteur.
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