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Critique de Fab_Le_Moine_Copiste


le porteur de cartable est le 2ème livre que je lis d' Akli Tadjer. Après avoir aimé Les Thermes du Paradis, je voulais continuer à explorer l' univers de cet auteur. Malgré un titre que je trouvais peu incitatif, sans doute était-ce dû au thème de l'école qui implicitement me rebutait, je me suis lancée dans la lecture.
Et, une fois de plus, le style et l'univers, m'ont emportée. J'y ai retrouvé, ce que j'avais aimé dans Les Thermes : des trésors de drôlerie et d'humanité. Pourtant, l'auteur aborde des sujets graves comme la guerre d' Algérie, l'engagement politique et la corruption, le déracinement et la dépression, voire la folie qui peuvent en découler, la perte de la dignité. Sans doute est-ce dû au point de vue choisi, celui d'un enfant Omar Boulawane, d'origine algérienne vivant en France, ne connaissant rien de l' Algérie mais qui en a le goût grâce aux récits poétiques de son oncle Mohammed qui sait lui raconter les genêts fleurissant au mois de mai sur la Colline Oubliée. La candeur de son regard et ses réflexions sans concession sur les personnes qui l'environnent donnent toute sa saveur au roman. Ce militant précoce du FLN, aux côtés de son père, nous fait partager sa vie d'écolier pas toujours facile, avec cette guerre qui l'épuise, avec cet appartement de 32 m2, sans douche avec les toilettes à l'entresol et « où le soleil ne s'égare jamais », avec ce racisme ordinaire avec lequel il faut savoir composer, qui lui donnent le droit d'être malheureux. Aussi, l'arrivée de cet enfant Raphaël Sanchez, rapatrié d' Algérie, venant injustement occuper le spacieux appartement d'en face convoité par les Boulawane, devient l'ennemi juré. Bien que le directeur de l'école, incite tous les élèves à faire une place à ce naufragé de l' histoire dans leur coeur, pour Omar, c'est tout simplement impossible.
Mais heureusement, le philosophe J.J Rousseau et son enseignement saura, à la faveur d'un événement, indirectement les réunir malgré tout. Pour le grand bonheur du lecteur, ces deux-là sauront dépasser ce qui les sépare et nouer une belle amitié.
Et puis, pour illuminer l'existence d'Omar et lui faire oublier cette guerre qui dévaste tout, il y a Mme Ceylac, sa maîtresse aux yeux verts, qui sait tout sur tout mais qui parfois malmène son coeur, lui qui est « décidément trop fragile des émotions ». le poème qu' Omar lui écrit devrait figurer dans toutes les anthologies poétiques et la scène qui en découle est d'un humour irrésistible !
Chez Tadjer, même les personnages secondaires y ont leur place et sont dotés d'une vraie humanité. Bien sûr, les salauds restent des salauds et les arrivistes finissent toujours par arriver. Et les véritables héros ne sont pas ceux que l'on croit mais plutôt ceux ,désintéressés, qui paient de leur vie ou de leur liberté pour de nobles idéaux.
Ce beau roman évoque une page sombre et douloureuse de notre Histoire de France, à savoir la décolonisation de l' Algérie, en alternant humour et mélancolie, poésie et tendresse, candeur et réalisme.
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