Rencontre avec Akli Tadjer au Furet de Lille - 19/01/2012
Akli TADJER « La meilleure façon de s'aimer » Ed. Jean-Claude Lattès L'auteur parisien revient vers son public, après Le Porteur de cartable, avec La meilleure façon de s'aimer. Akli Tadjer mélange encore une fois l'humour et la tendresse pour nous servir une histoire poignante, celle de Fatima et de Saïd, son fils, jeune parisien vif et malicieux, qui n'ont jamais su se dire « Je t'aime ».
Mansour s'est écroulé en gargouillant des insanités moitié kabyles, moitié arabes, moitié françaises. Ce qui faisait trois moitié. Beaucoup trop pour être compréhensible.
Encore un petit mot pour te dire que mon amour pour Gaston et Malik n'a rien à voir avec l'amour que je porte parce que toi, tu es le seul homme de ma vie. Mais ça, tu le sais déjà. Ta fille unique et préférée, Myriam.
-Ce n'est pas grave de n'avoir encore jamais embrassé de filles à ton âge. Moi, ce n'est que la troisième. La première c'était l'été dernier à un mariage juif. Elle s'appelait Gisèle Aboulker. Elle venait de manger un sandwich merguez harissa, j'ai eu la gueule en feu pendant deux jours.
Charles, c'était le tourmenté de la famille. Même quand il souriait, il se trimbalait du cafard et de la misère sur le front.
«La meilleure façon de s'aimer, c'est de le prouver avant qu'il ne soit trop tard. La meilleure façon de s'aimer, c'est finalement de laisser à lautre toute sa liberté»
-Ils viennent de chez nous. Ce sont des pieds-nioirs. Des rapatriés comme ils disent ici.
-Pourquoi le gérant leur a donné le logement alors que nous, on le lui a demandé depuis si longtemps ?
-Peut-être parce qu'ils sont Français. De vrais François, eux.
-Mais nous on est quoi si on est pas de vrais Français ?
En payant mon café, j’ai demandé au patron s’il savait ce que c’étaient des Francs-maçons. Évidemment qu’il le savait. Il avait eu à faire à eux bon nombre de fois avant la guerre. C’étaient des ouvriers du bâtiment. Des gars tout ce qui a plus fiables et sérieux. Avec eux, pas d’entourloupe, les devis étaient respectés au franc près. D’où l’expression franc-maçon.
« Mais quoi ? On est raciste ou on ne l’est pas. » Il cherche en vain ses mots pour se justifier, puis renonce. Il veut juste une dédicace sur son livre pour avoir un souvenir de notre rencontre, qu’il n’est pas près d’oublier.J’écris : Nous avons tous en nous la capacité de haïr l’Autre, mais nous avons aussi la capacité de nous ouvrir aux Autres. À toi de choisir ton chemin, jeune homme.
Ce soir ça ne va pas être possible. La prochaine fois, si Dieu le veut. - T’occupe pas de Dieu. Je négocierai avec lui le moment venu.
Dans la vie, il y a ceux qui savent se donner des limites et il y a les bornés, qui n’en ont pas, de limites.