Rencontre avec Akli Tadjer au Furet de Lille - 19/01/2012
Akli TADJER « La meilleure façon de s'aimer » Ed. Jean-Claude Lattès L'auteur parisien revient vers son public, après Le Porteur de cartable, avec La meilleure façon de s'aimer. Akli Tadjer mélange encore une fois l'humour et la tendresse pour nous servir une histoire poignante, celle de Fatima et de Saïd, son fils, jeune parisien vif et malicieux, qui n'ont jamais su se dire « Je t'aime ».
Mansour s'est écroulé en gargouillant des insanités moitié kabyles, moitié arabes, moitié françaises. Ce qui faisait trois moitié. Beaucoup trop pour être compréhensible.
Je m’en irai pour un nouvel ailleurs. Il me faudra oublier la place de la Contrescarpe où nous dînions, souvent, le soir au retour de la tannerie. Il me faudra aussi faire le deuil de nos flâneries nocturnes jusqu’au boulevard Saint-Michel, quand nous prenions un verre à la terrasse d’un bistrot avant de remonter par la rue Saint-Jacques. Demain sera un mauvais jour, celui de nos amours mortes.
Puis, elles oublieront tante Safia pour bavarder jusqu’à ce que le soleil s’efface derrière nos montagnes. Le temps qui court leur est indifférent. Elles savent que c’est une invention humaine, que la seule vérité qui vaille est le perpétuel mouvement de la vie avec ses désastres, ses chagrins, ses fêtes, ses passions, ses flétrissures et sa fin inéluctable, car naître, c’est commencer à mourir.
Encore un petit mot pour te dire que mon amour pour Gaston et Malik n'a rien à voir avec l'amour que je porte parce que toi, tu es le seul homme de ma vie. Mais ça, tu le sais déjà. Ta fille unique et préférée, Myriam.
-Ce n'est pas grave de n'avoir encore jamais embrassé de filles à ton âge. Moi, ce n'est que la troisième. La première c'était l'été dernier à un mariage juif. Elle s'appelait Gisèle Aboulker. Elle venait de manger un sandwich merguez harissa, j'ai eu la gueule en feu pendant deux jours.
Alger était belle comme toujours. Comment se peut-il qu'une aussi jolie ville avec un ciel si pur et des flots si bleus puisse charrier autant de malheur, de larmes, de souffrance ?
Il parlait d’une voix sans timbre, presque susurrée. Les souvenirs s’entremêlaient, s’entrechoquaient, se contredisaient parfois. Il mélangeait le présent, le passé, le singulier, le pluriel, les ans, les saisons, les hivers, les peurs.
Charles, c'était le tourmenté de la famille. Même quand il souriait, il se trimbalait du cafard et de la misère sur le front.
«La meilleure façon de s'aimer, c'est de le prouver avant qu'il ne soit trop tard. La meilleure façon de s'aimer, c'est finalement de laisser à lautre toute sa liberté»
En payant mon café, j’ai demandé au patron s’il savait ce que c’étaient des Francs-maçons. Évidemment qu’il le savait. Il avait eu à faire à eux bon nombre de fois avant la guerre. C’étaient des ouvriers du bâtiment. Des gars tout ce qui a plus fiables et sérieux. Avec eux, pas d’entourloupe, les devis étaient respectés au franc près. D’où l’expression franc-maçon.