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Critique de Sharon


Sharon
20 décembre 2015
Ce roman a été écrit en 1901. Inédit en français, il a été traduit en français par les éditions Zulma en 2009. Court (une centaine de pages), il nous en apprend pourtant beaucoup sur la bonne société indienne au temps de l'empire britannique.
C'est vrai : nous avons tous le souvenir littéraire de ses officiers anglais revenant au Royaume-Uni après avoir séjourné en Inde. Je pense aux romans de Sir Arthur Conan Doyle (le colonel Moran…) ou à ceux d'Agatha Christie. Mais qu'en était-il chez les indiens qui s'étaient intégrés à cette bonne société ? Nous avons ici Bhupati et Charulata, son épouse, Charu pour presque tous. Lui dirige un journal publié en anglais. Elle dirige sa maison, attend le retour de son mari. Union arrangée ? Bien sûr, comme toutes celles de cette période. Cependant, Bhupati a tenu cet union pour acquise, et n'a jamais vraiment cherché à avoir une communion, pour ne pas dire une communication avec sa femme. Et pourtant, ils ont été mariés pendant douze ans, et lui s'impliquait énormément dans son travail.
Il n'est pas un monstre d'égoïsme, pourtant. Juste quelqu'un qui a tout pris pour acquis et ne s'est jamais posé de question – ou alors, trop tard. Pour pallier la solitude de son épouse (ils n'ont pas d'enfants), il invite à vivre chez lui son neveu, étudiant. Et Bhupati est vraiment le seul à ne pas voir non la liaison de sa femme et de son jeune neveu, rien de tel ici, mais la profondeur des sentiments que Charu éprouve pour lui.
Nous ne sommes pas, à mes yeux, dans un vaudeville. Nous sommes dans une tragédie intime. Les sentiments sont impossibles à dire, encore plus à partager et à vivre. Chacun souffre, sans remède pour cette douleur. Ni le rapprochement, ni l'éloignement ne peuvent soulager les trois membres de ce trio amoureux. L'écriture, qui avait permis à Amal et Charu de se rapprocher, de s'opposer, inconsciemment peut-être, à Bhupati (lui publie un journal anglais, eux deux écrivent en bengali), est un nouvel instrument de séparation, prouvant l'impossibilité de dire, renvoyant aussi Bhupati à sa médiocrité.
Ce roman est à lire pour découvrir une autre facette de la littérature indienne. Son auteur a eu le prix Nobel de littérature en 1913.
Lien : https://deslivresetsharon.wo..
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