AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Isacom


Inde, fin 19ème. Un mariage arrangé : ça tourne mal...!
Pourtant elle était d'accord, Kumudini Chatterji, la fiancée de 19 ans abreuvée depuis l'enfance de croyances sur le couple parfait. C'est même au sens religieux qu'elle se dit que, quel que soit le fiancé (en l'état : vieux et laid), l'amour va naître afin de respecter l'harmonie universelle.
Elle, elle appartient à une famille aristocratique, raffinée et artiste... mais fauchée comme les blés. Pire : endettée jusqu'aux yeux. Après la mort du père, dépensier et généreux, le chef de famille est le frère aîné - un piètre homme d'affaires. Il lui a fallu doter les quatre autres soeurs, et envoyer le cadet étudier à Londres. Resté seul avec Kumudini, les deux tissent un lien fraternel très fort, prétexte ici à de longues conversations exposant les idées de chacun.
Et le vieux fiancé laid ? Vous l'aurez deviné : c'est le créancier.
Lui veut "une fille Chatterji" : pour le prestige, certes, mais surtout pour venger une très ancienne humiliation infligée à sa famille - une histoire de statue de la Déesse plus haute que celle du voisin, version indienne de la querelle de clochers. "Un lignage qui a reçu des coups est aussi dangereux qu'un tigre blessé."
Nouveau riche, très très riche, ce gros businessman est un véritable tyran domestique, faisant régner la terreur parmi sa famille et ses serviteurs. Personne n'ose même toucher à quoi que ce soit sans son autorisation...!
Autant dire que, lorsque la digne Kumudini éprise d'absolu mais pas de son mari, se rebelle, lui ne sait absolument pas comment s'y prendre. "Madhusudan n'arrivait pas à mettre le doigt sur l'obstacle insensé qui empêchait le coeur de cette femme de se donner à lui. Il avait pourtant pleine et entière autorité sur cette épouse."
Insensé, n'est-ce pas ?
Et c'est le grand frère, probable double de Tagore, qui tire la philosophie de ce mariage désastreux, dans une longue tirade curieusement progressiste (c'est écrit dans les années 20) : "Les femmes ne peuvent que supporter, elles n'ont pas d'autre voie. C'est pourquoi on ne cesse de faire pleuvoir des coups sur leur tête. le jour est venu pour elles de dire qu'elles ne le supporteront plus."
À bas le patriarcat !
Traduction parfaite de France Bhattacharya.
Challenge Nobel
Commenter  J’apprécie          2413



Ont apprécié cette critique (24)voir plus




{* *}