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Critique de Tachan


Quand on a grandi comme moi avec le Club Dorothée, impossible d'être passé à côté de la douce et drôle comédie romantique Juliette, je t'aime. Mais à l'époque personne ne savait qu'elle était tirée du seinen Maison Ikkoku de Rumiko Takahashi, à qui on devait déjà Lamu, et qui avait publié ce joli titre de 1982 à 1987 dans le Big Comic. Pour retrouver l'ambiance de la série, j'avais lu le début et la fin du manga lors de sa première parution chez nous entre 2000 et 2003, mais jamais celle-ci en entier. Avec mon entreprise de relire les classiques de ma mangathèque, j'ai donc décidé de réparer cela et de découvrir l'ensemble de l'oeuvre signée Rumiko Takahashi.

En France, Maison Ikkoku fait partie du patrimoine du manga, la preuve l'éditeur en est à sa deuxième réédition. La série a eu droit à une première parution début 2000 avec une belle édition blanche grand format avec page couleur, introuvable désormais..., puis une édition bunko petit format 7 ans plus tard et enfin une édition appelée "perfect", mais qui ne l'est pas, qui vient de se terminer.

Dès les premières pages, celui qui a regardé le dessin animé retrouve l'ambiance de la série. le trait de Rumiko Takahashi a beau être assez daté, normal pour une série de plus de 30 ans, on y ressent tout l'humour, la bonhommie et la joyeuseté que l'autrice a voulu mettre dans sa série. Ainsi ce premier tome est-il l'archétypique de ce que sera la suite. Nous suivons dans des chapitres quasi indépendants, le quotidien de Godai Yusaku, jeune étudiant qui n'arrête pas de rater ses concours, dans une pension de famille où les locataires sont tous farfelus. Un jour où s'en est trop pour lui, alors qu'il est sur le point de tout quitter, débarque la nouvelle responsable : une femme superbe, sous le charme de laquelle il tombe instantanément.

Les chapitres se suivent et se ressemblent. Nous assistons à la façon dont les locataires de cette pension font tourner en bourrique ce pauvre Godai, qu'ils surnomment "Le raté" et leur responsable Kyoko. On rit des blagues potaches des uns et des autres, de leur tendance à boire, du voyeurisme de l'un, de l'exhibitionnisme de l'autre, de la naïveté du héros et de la jalousie de Kyoko. C'est toujours très drôle et bon enfant. Cependant, c'est un humour très années 80 et peut-être que certaines choses passeront moins auprès des lecteurs désormais, comme l'humour autour du viol et autres actes ou attouchements contraints. Pour ma part, remettant les choses dans leur contexte, je pardonne à l'autrice, surtout que tout finit toujours bien.

Alors que le tableau est déjà répétitif sur certains points, j'ai tout de même aimé l'art de la mise en scène de l'autrice qui parvient toujours à faire de belles variations autour des mêmes thèmes. Elle sait quand ajouter une révélation pour approfondir une relation et casser avec l'humour omniprésent, quand ajouter un nouveau personnage pour changer une dynamique, quand apporter une situation nouvelle pour enrichir son récit. C'est parfaitement maîtrisé et même si les tomes sont bien épais, on ne se lasse pas. J'ai juste été surprise de la rapidité avec laquelle elle introduit les personnages phares de l'histoire puisque dès ce premier tome nous avons déjà rencontré l'ensemble des personnages de la pension, Kyoko et sa famille, Mitaka le prof de tennis, Kozue la jeune fille qui craque pour Godai, et même entraperçu le club de marionnettes que va rejoindre Godai. On n'a vraiment pas le temps de s'ennuyer.

Rumiko Takahashi nous propose autour d'eux un tranche de vie romantique rempli d'humour mais qui se veut aussi profond. En effet, avec Godai elle traite de la difficulté d'être étudiant et trouver sa voix pour un jeune dans le Japon des années 80 ; avec Kyoko, on aborde la difficile question du deuil et de la reconstruction ; et je parie que les autres nous cachent d'autres surprises. Pour autant, on n'est jamais du mélo, l'autrice tourne un peu tout en dérision à de rares exceptions comme le deuil de Kyoko, pour le reste on rit non-stop. Pour ma part, j'ai adoré leur façon de faire tourner Godai en bourrique, j'ai adoré voir mes manifestation de la jalousie de Kyoko, je me suis tordue de rire devant la grande peur de Mitaka et c'est sans parler de tous ces petits moments savoureux dans la pension. L'ambiance est vraiment chaleureuse et bon enfant, ce qui est ultra agréable.

Le dessin de Rumiko Takahashi, lui, n'a pas encore atteint la finesse que je vais lui apprécier plus tard. Il est plus souvent drôle et beau mais j'adore sa mise en classique et pourtant ultra efficace. Les planches sont claires et directes. Il y a une grande variété dans l'expressivité des personnages. Elle se plait aussi à bien planter son récit dans son époque à travers les vêtements à la mode et les objets typiques de l'époque. La pension prend vraiment vie sous son trait. Ainsi, si comme moi vous n'avez rien contre un trait vintage, celui-ci a plutôt bien vieilli et vous replongera à merveille dans la série de votre enfance.

Ce long premier tome de Maison Ikkoku est l'introduction parfaite pour savoir si la série va vous plaire ou pas. Il y a tout ce qui fera le sel de la série sur des tomes et des tomes. Pour ma part, je trouve les dessins de l'anime bien plus fin et poétique, mais j'ai adoré l'humour qui se dégageait de ceux-ci, et surtout ce fut un grand bonheur de replonger dans l'ambiance de cette pension de famille où les habitants aiment tant martyriser leur cher "monsieur le raté" et jouer de la jalousie de leur propriétaire. Drôle et réconfortant !
Lien : https://lesblablasdetachan.w..
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