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Critique de Osmanthe


Ayumu est un collégien dont le père est régulièrement muté par sa société. La famille venant de Tokyo arrive dans la petite ville d'Hirakawa, préfecture d'Aomori au nord de l'île principale, Honshû. Cela oblige Ayumu à s'intégrer auprès de nouveaux camarades, peut-être pour une seule année, lui qui espère que son père aura une promotion et qu'ils pourront vivre dans une petite maison aux abords de l'agglomération tokyoïte. Il côtoie bientôt une petite bande de six jeunes, dont Akira est le meneur naturel. Mais son passé trouble vis-à-vis de ses camarades ne tarde pas à susciter des interrogations chez Ayumu. Surtout, il a un souffre-douleur dans le groupe, Minoru, le plus faible, qui se laisse toujours embêter. Akira tient sa bande avec son jeu de cartes « Hanafuda », le jeu des fleurs. Chaque carte a une valeur, et en tirant deux cartes il ne faut pas dépasser un total de treize points sous peine de faire « plouf ». Or faire plouf, c'est avoir un gage pas très sympathique mitonné par Akira. Comme par hasard, Minoru perd systématiquement…

Dans ces moments, la tension monte, et l'on craint le pire pour Minoru et ses copains, dont Ayumu qui a quelques sueurs froides, qui remarque vite que les dés sont pipés et que le perdant est toujours le même. L'auteur tient son lecteur en haleine avec ces gages inquiétants, mais il y met une bonne part d'intox, et ce de manière répétée…Il n'en demeure pas moins qu'il nous prépare à ce que ces jeux malsains dégénèrent dramatiquement. Dans les intervalles, nous suivons Ayumu évoluant avec ses parents, désolés d'imposer un énième déménagement à leur fils chéri, avec un père qui espère une promotion et une mère qui n'a jamais su elle-même s'intégrer dans un nouveau cercle social et amical. Ayumu goûte avec curiosité et un certain plaisir la découverte de la campagne, de la nature, des animaux….

Le suspense est présent, la tension va monter, avec cette approche d'Obon, la fête des morts (autour du 15 août, les esprits des morts reviennent visiter leurs proches). Entre festivals de feux et lanternes (matsuri), l'auteur nous fait découvrir un Japon champêtre, avec ses traditions. Il parvient à maintenir le lecteur en alerte, tout en lui offrant ces moments de respiration, loin du tumulte de la métropole tokyoïte. Son approche est dans la nuance, entre le méchant Akira qui sait aussi se faire le protecteur de Minoru, et un Ayumu plus lâche qu'il n'y paraît, pensant avant tout à sauver sa peau.

Okuribi est un roman efficace, qui a été lauréat du prix Akutagawa 2018, le Goncourt japonais. C'était manifestement un bon cru.
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