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Critique de mariedupuis


Marie-Hélène Prouteau. Ici même est un recueil réalisé à quatre mains par le poète Pierre Tanguy et le plasticien Michel Remaud, et publié aux éditions La Part Commune. Ce n'est pas la première fois que cette maison d'édition associe deux artistes. Déjà, avec Tango-Monde, elle avait couronné le double travail du peintre Mariano Otero et du poète Jean-Louis Coatrieux.
Alain Kervern nous éclaire dans la postface du recueil : cette forme d'association est celle du « haïga », genre traditionnel japonais qui combine des haïkus et des images autour d'une même réalité, sur un même support. Dès la couverture, la tonalité si caractéristique de l'univers poétique de Pierre Tanguy est posée : la simplicité du titre, Ici même, saisit par son minimalisme. Pierre Tanguy, qui est l'auteur d'une oeuvre poétique importante éditée en grande partie à La Part Commune, a écrit d'autres recueils de haïkus, Haïkus du chemin en Bretagne intérieure, Haïkus de sentier de montagne. La singularité de celui-ci est que la sensibilité du poète, qui capte si bien l'ordinaire de la vie, une marche face à la mer, le vélo dans les dunes de Bretagne, entre ici en connivence avec celle de Michel Remaud. Ce peintre non figuratif a réalisé d'autres livres d'artiste avec des poètes comme Gilles Baudry, Erwann Rougé, Gilles Plazy, Jean-Pierre Boulic, Alain le Beuze, Daniel Kay… Voici ce qu'il écrit du livre d'artiste : « Objet précieux puisqu'il naît du partage et de la rencontre entre deux êtres, entre deux arts — un poète et un peintre ou un graveur, un photographe, un sculpteur, un musicien qui se trouvent, s'accordent et partent ensemble à la découverte de territoires intérieurs encore ignorés d'eux-mêmes pour lui donner naissance ». Double dynamique artistique, gage d'une créativité stimulante.

Le recueil est divisé en trois moments, « Sur la côte », « Dans les terres », « Au jardin ». Les lieux sont à peine localisés géographiquement, avec une imprécision voulue pour aller vers l'universel. le lecteur assiste à un double mouvement dans l'espace et dans le temps : le poète se promène, hiver comme été, s'arrête pêcher sur la grève ou cueillir des mûres, progresse plus avant, de la mer vers ce jardin. À vélo, à pied, on le suit dans une chapelle dédiée à sainte Anne, on a froid sous l'averse de grêle, on entre dans un jardin de moines, on admire les mimosas, on s'arrête avec lui devant des giroflées qui lui font penser à sa mère qui les a plantées. Cette poésie de chaque instant est l'occasion de déambulations dans les lieux et en soi-même. Bien sûr, il y a l'attrait des lieux, la fontaine aux fougères, un calvaire, une statue de granit « qui chevauche un cerf », les oies sauvages sur l'estran, le moulin à blé noir, les rochers à marée basse. Mais tout est intériorisé dans ce paysage mental qui, pour les deux artistes, est celui de la Bretagne qui les a vus naître et où ils demeurent.


Lien : https://terresdefemmes.blogs..
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