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Critique de ecceom


Après l'Homme qui marche, voici l'Homme qui frappe

Taniguchi est devenu en quelques années, une des grandes personnalités de la BD mondiale et son style a trouvé un formidable écho en France, tandis que ses compatriotes hurlaient à la compromission.

Taniguchi est évidemment au dessus de ça et si son trait est assez éloigné des critères classiques du manga, il ne fait que souligner l'intérêt du "métissage". Peut on reprocher à Tezuka de s'être inspiré (à charge de revanche !) de Disney ?
Qui peut dire aujourd'hui ce qu'aurait du donner la collaboration Moebius/Taniguchi (Jean/Jiro !) qui n'a hélas accouché que d'une oeuvre mineure (Icare) réalisée à la va-vite.

Aujourd'hui, Taniguchi nous revient avec "Enemigo", une de ses premières oeuvres qui vient d'être rééditée.

Fi des atmosphères immobiles et contemplatives auxquelles il nous a habitués. Ici, il renoue avec ce qu'on trouvait déjà avec "Le chien Blanco" : de l'action !

Pour tout dire, si cette histoire est sans doute supérieure à celle de Blanco, je ne la trouve pas pour autant, d'un niveau comparable à celui des chefs d'oeuvre que sont "L'Orme du Caucase", "L'Homme qui marche", "Quartier Lointain" ou "Le sommet des Dieux".

Ce n'est pas tant son dessin qui justifie cette réserve, que l'histoire retenue. Car on finirait par l'oublier, Taniguchi s'appuie souvent sur les histoires des autres, pour le meilleur...ou le moins bon.

Le trait de Taniguchi était déjà, à quelques détails près (une certaine raideur des personnages notamment au niveau des visages), celui que l'on peut apprécier aujourd'hui. Les premières planches en couleur -procédé classique de l'édition des Mangas- sont sublimes et la lisibilité de l'ensemble est remarquable, à de rares exceptions près.

En revanche, l'histoire proposée par le scénariste M.A.T. est assez linéaire et recoupe quand même tous les poncifs du genre : le détective privé, sorte de super Rambo traînant lui aussi ses séquelles post Vietnam, la collusion business-politique, les trahisons, la jolie fille qui finit de suite dans son lit (tiens une scène "hot" au passage)…

Cependant, si de ce point de vue on peut ressentir une certaine déception, voire de la frustration, il faut noter que par ailleurs, cette édition nous propose de vrais et beaux bonus. On retrouve en effet en fin de volume, une série de dessins et d'esquisses, des interviews de Katsuya Terada (qui nous présente avec humour, sa première entrevue avec le "Maître") et de Taniguchi lui même. Plus intéressant encore, nous bénéficions des réactions d'auteurs occidentaux (Giardino, Schuitten et Baru) sur l'oeuvre de Taniguchi et sur les influences réciproques (ce qui ne semble pourtant pas évident au départ, s'agissant du dernier cité). Rien que pour ça, l'achat est recommandé.

Mais il a fait mieux.
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