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Critique de Pasoa


Grand engagé dans la Résistance, homme de radio, conseiller éditorial à l'ORTF*, écrivain, tôt rattaché au théâtre de l'absurde, Jean Tardieu fut également l'auteur d'une oeuvre poétique remarquable, que beaucoup jugent encore aujourd'hui, assez inclassable.

Dans La Part de l'ombre, recueil de textes en prose publiés entre 1937 et 1967, le poète interroge les conventions de genre de la poésie, du rapport étroit entre réalité et fiction. Si les poèmes en prose de Jean Tardieu prennent racine dans le quotidien, chacun d'eux contient en lui un sens détaché de l'évidence, de la croyance. C'est aux creux même du langage que naît le sens détourné des choses, que l'imaginaire se défait de la réalité, du règne du tangible.

Fantasque, insolite, subtile, amusante, parfois grave, l'écriture de Jean Tardieu apparaît comme celle d'un humaniste désenchanté, d'un idéaliste qui tente de ré-accorder la réalité dans toute la variété et la potentialité du langage. Au travers de courts textes, de petites histoires, le poète évoque l'émerveillement de l'enfance jusqu'à la crainte de l'inconnu, la mise à l'épreuve du temps et de l'espace, la vie qui va jusqu'à la solitude, jusqu'à la mort,… Il avance et interroge notre condition.

" Pareil au jongleur qui reçoit du ciel l'un après l'autre tous les objets qu'il réclame, je balançais dans mes mains la grâce et la gravité, le plaisir et le désespoir, l'insouciance et la passion.
Danseur au comble du vertige, vibrant immobile et debout, cible percée de mille traits, je croyais tenir mille choses, monde vidé par sa vitesse, plus léger que le souffle d'un mot…" **

La part de l'ombre contient en elle une part de lumière dans laquelle l'imaginaire se déploie et touche à notre réalité. Précieuse est la lecture de la poésie de Jean Tardieu !


(*) L'Office de radiodiffusion-télévision française, c'était il y a longtemps...
(**) extrait de " La musique " / " Objets incommensurables " (1950-1961) – pp. 52-54
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