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Critique de Pasoa


Paris, Un jour de printemps.

Sept ans d'une absence, sept ans d'un temps sans mesure, d'une douleur qui faiblit mais qui ne disparaît pas.
Sept ans qu'Hannah n'a pas revu Lorette sa fille, partie un jour à 19 ans, vers l'inconnu, sans aucune explication, sans donner depuis la moindre nouvelle. Sept ans et toujours la même incompréhension.
Artiste, Hannah a cessé de peindre et d'exposer. le soutien de son amie Lydie n'y change rien. Les couleurs, les nuances, les matières n'inspirent plus Hannah.
Sept ans.
Sept ans et puis quelques secondes...
Quelques secondes qui désagrège le temps, qui la touchent en plein coeur, la privent de tout mouvement et de l'usage de la parole, quelques secondes dans l'improbable. Sur ce trottoir là, en face, cette silhouette, cette démarche, cette chevelure brune..., Est-ce toi... Lorette ?
Quelques secondes plus tard, sur le boulevard, dans le bruit et le passage des véhicules, la silhouette a disparu.

De ce moment particulier, comme dans le désordre d'une pièce, Laurence Tardieu va rassembler les objets, les moments épars de l'histoire d'Hannah pour les remettre un à un à leur place, en exposer de nombreux à la lumière et au regard, en déposer d'autres dans des recoins, sans les dissimuler tout à fait.
Sur les rebords des fenêtres, déposer les années qui passent, la vieillesse et le temps qui progressivement s'accélère et auquel il nous faut nous accommoder. Disposer sur la table, les traits de l'enfance, les saveurs de la vie en famille, les mots et les rires échangés. Dans le fauteuil profond, remettre en forme les rêves et les premiers désirs,... Ranger ensuite dans les tiroirs les peurs, les angoisses, l'abandon et la solitude, les refermer. Sur le meuble, redresser les photos aux couleurs passées des êtres chers qui sont partis. Et enfin, quitter la pièce, refermer derrière soi la porte. Ainsi, "Nous aurons été vivants".
Reste à laisser sur le guéridon d'entrée, le livre de Laurence Tardieu, comme une enveloppe, une lettre à lire pour celle, pour celui qui viendra.

"Nous aurons été vivants" est un roman que j'ai tout particulièrement apprécié. Dès les premières pages, l'histoire d'Hannah, sous l'écriture belle et sensible de Laurence Tardieu, gagne l'attention comme une contagion à laquelle il est difficile de résister. 'Nous aurons été vivants" est un roman nostalgique, douloureux au fond mais dont le propos refuse aussi, et obstinément, de tourner le dos à l'avenir, de s'en protéger. Les dernières pages du roman sont très belles, simplement humaines.
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