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Critique de JIEMDE


Ils ne sont pas très frais les fruits de ce verger de marbre… Plutôt blets ; limite rances… Très noirs en tout cas. Mais c'est bien bon !

Car ce premier livre d'Alex Taylor - qui trouve toute sa place parmi les Neonoir de Gallmeister - est une délicieuse réussite, tant dans son style que dans son intrigue d'un bout à l'autre de ses 270 pages, dont aucune n'est superflue.

Au coeur du Kentucky, le long de la Gasping River, il suffirait de presque rien pour que l'équilibre apparent régentant la vie de certains de ses habitants ne se brise. Ce presque rien c'est un ferry que Beam pilote pour faire traverser la rivière, c'est un passager insolite d'un soir, c'est un début d'altercation, c'est un geste qui devient un coup, puis une chute, puis un mort. Tout cet équilibre va alors basculer dans le chaos le plus absolu.

C'est le début d'une longue fuite, d'une traque, d'une chasse à l'homme, dont les étapes sont des meurtres, viols voire mutilations… comme autant d'étapes successives d'une descente aux enfers que rien ne semble plus pouvoir arrêter. Mais qui chasse qui ? Qui est finalement chassé ? Pas le passé manifestement, qui resurgit et s'invite pour fracasser une histoire qui semblait tellement simple et binaire au début.

Au-delà de l'incontestable maîtrise du genre validée par ce thriller au déroulé remarquablement ficelé, il faut souligner le talent d'Alex Taylor à y ajouter trois autres réussites : celle du style, fluide, alternant entre la prose descriptive et narrative douce, imagée et souvent poétique, et des dialogues vifs, secs comme un shot de whiskey et crus quand il le faut sans jamais confiner à la vulgarité gratuite. Celle de l'amoureuse description de ce Kentucky où il vit, de ces paysages de monts, de falaises et de plaines cultivées, prenant place dans le cercle fermé des nature writers américains contemporains au talent éprouvé. Et enfin celle du sens, qui ajoute une dose de réflexion – sans imposer de conclusion - à son intrigue. Réflexions sur le destin (certains diront la destinée), la nécessité de vivre encore quand il n'y a plus qu'à mourir, sur ce qu'est ou n'est pas la famille dans ces profondes contrées US, sur la vengeance et ses bienfaits évolutifs, sur la vision que l'Homme a de sa vie au fur et à mesure que les événements la font évoluer ou la détruisent. Au début du livre, Beam se retrouve au cimetière, allongé sur le marbre de ce verger fascinant. Il y est également à la fin du livre. Mais il est mort depuis longtemps. Sans le savoir…

À l'image du « Saloon… » de Larry McMurtry, le verger de marbre est un western moderne et en même temps, hors du temps. Tous les ingrédients et personnages du western y sont présents. Mais aucun ne s'y comporte de manière conformiste ou attendue.

C'est la grande réussite d'Alex Taylor, et c'est une vraie belle révélation de cette rentrée littéraire 2016 !

Un grand merci à Gallmeister et à Léa pour cet envoi avant parution !
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