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Critique de JustAWord


Adrian Tchaikovsky n'est pas seulement un auteur de science-fiction remarquable… c'est aussi un fan de l'univers Warhammer 40.000 !
L'auteur de Dans la Toile du Temps et Dans les profondeurs du temps s'essaye donc à l'univers créé par Games Workshop avec un roman plutôt court centré sur les Cultes Genestealer !
Avec le Jour de l'Ascension, le britannique fait se rencontrer deux factions que tout oppose sur le monde-forge de Morod, quelques part dans les ténèbres d'un lointain futur…

Dirigé par l'Adeptus Mechanicus, Morod est un monde toxique et hostile où la population sert d'esclaves aux adeptes de la Machine qui les emploient dans les mines sans fin et les gigantesques forges supervisées par le Fabricator Général Burzulem. Parmi ces pauvres hères, une jeune femme du nom de Davien sert de messagère pour les technoprêtres. Elle est également l'une des habitantes du Gouffre Sud où une mystérieuse Congrégation vénère l'Empereur d'une façon pour le moins peu orthodoxe…
Après une tentative d'assassinat raté contre le Fabricator Général par une mutante particulièrement audacieuse, le Génétor Gammat Triskellian s'interroge sur la vraie nature de la terroriste. Alors que le fameux Jour de l'Ascension approche, jour où les troupes Skitarii natives de Morod reviennent de leur voyage à travers l'Immaterium tandis que les nouvelles recrues s'acheminent vers les étoiles, Triskellian est chargé d'enrôler au sein du Gouffre Sud, là-même où réside justement Davien. Ce qu'il découvre alors le laisse pantois : la mutante n'est pas le simple fruit des effets délétères de l'atmosphère de Morod mais bel et bien une infiltration xenos en bonne et due forme.
Mais alors qu'il se demande s'il doit faire purger l'ensemble par le feu, une idée lui vient pour se débarasser de Burzulem. Une idée qui frôle dangereusement l'hérésie alors que la révolte gronde sur le monde-forge.
Adrian Tchaikovsky utilise deux fils narratifs pour nous guider à travers le récit : celui de Gammat Triskellian, un technoprêtre qui pense qu'il faut améliorer la chair pour rendre l'union avec l'acier plus forte (devenant ainsi le souffre-douleur de Burzulem qui, en bon adepte de l'Omnimessie, exècre la chair et vénère la Machine avant tout), et celle de Davien, une jeune fille qui fait partie d'une Congrégation souillée depuis des siècles par des gênes xenos, et plus précisément ceux de Genestealers.
L'enjeu est simple : la prise de contrôle de Morod, chose qui obsède à la fois Triskellian par esprit revanchard et les membres de la Congrégation pour permettre l'arrivée des anges de l'Empereur aux Bras Multiples.
S'ensuit donc une intrigue politique où Triskellian va tenter de renverser son maître et de prendre la tête du clergé du monde-forge. Entre manipulations et retournements de situation, Tchaikosvky nous offre un récit rythmé et palpitant qui étonne par son refus complet de toute forme de manichéisme.

En effet, le Jour de l'Ascension nous présente deux personnages à la fois bon et méchant. Gammat Triskellian est un homme progressiste (pour les siens du moins) mais dévoré par l'ambition et tout aussi cruel envers la population que le reste de son clergé. En face de ce serviteur de l'Empereur, on trouve une jeune femme qui incarne parfaitement les nombreuses victimes de la cruauté des Maîtres-Trimeurs…mais qui est aussi une agente xénos sans en avoir consciente et qui menace à la fois Morod et l'Imperium !
Difficile donc de placer un quelconque curseur moral là-dedans, ce qui fait parfaitement honneur au monde sans espoir de Warhammer 40.000.
Profitant de son obsession pour les manipulations génétiques et les espèces monstrueuses, Adrian Tchaikovsky utilise à pleine régime les Genestealers et leur façon de manipuler la chair, de s'hybrider avec les autres espèces et de déformer les cultes. Même si l'on est loin des araignées savantes de Dans la Toile du Temps, le britannique s'amuse follement à mettre en scène cette galerie des horreurs évolutionnistes où les élus deviennent de véritables monstruosités.
Le choix des deux factions n'a d'ailleurs rien d'innocent. L'une vénère un Dieu-Machine tout-puissant et méprise la chair, l'autre se sert de la chair pour modeler ses fidèles et les précipiter vers leur perte. Comme deux faces d'une même pièce, les camps qui s'affrontent ont cependant en commun de vénérer une image altérée de l'Empereur, l'une le voyant comme un Omnimessie mécanique, l'autre comme une chose-Dieu plus proche de la Bête que de l'humain. La grande question qui irrigue le récit sera de savoir ce qui prévaut à la fin : la machine ou la chair ?
Enfin, chose très fine et inattendue, Adrian Tchaikovsky met en garde contre la révolution et ce qu'elle cache, recyclant l'adage qui veut qu'on sait ce que l'on perd mais pas ce que l'on gagne. Ainsi, si les populations martyrisées de la planète se révolte contre des tyrans de la pire espèce… elle devrait se méfier de ce qui se profile derrière. Malgré les belles paroles et les grandes promesses, le maître de demain pourrait être pire que celui d'hier. Un message très noir qui colle parfaitement à l'univers impitoyable dans lequel évolue pour l'occasion l'auteur britannique.

Maîtrisé et beaucoup plus malin qu'il n'y paraît, cet opus signé Adrian Tchaikovsky est à la fois un divertissement d'excellente tenue mais également une fine construction narrative autour de la révolte et des dangers de la chair. Avis aux amateurs !
Lien : https://justaword.fr/le-jour..
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