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Critique de SZRAMOWO


« Je commençais à comprendre que le monde ne correspondait pas à l'image que j'en avais » dit l'une des héroïnes du roman de Roma Tearne.
Roman à la fois sombre et lumineux, optimiste et désespéré, beau dans l'écriture et juste dans le ton.
Le sujet est en plein dans l'actualité.
Maria Robinson, 43 ans, poétesse qui a connu un succès d'estime et cherche à retrouver l'inspiration, vit à Eel House dans le Suffolk, ce comté paisible de l'East Anglia. Sa maison au bord d'une rivière, héritée de son oncle Clifford après la mort de ses parents, incite à l'observation de la nature et à l'introspection :
« le jardin était parfaitement silencieux, il n'y avait pas de lune ce soir-là quand je me penchai à la fenêtre pour humer le parfum des fleurs de jasmin fraîchement écloses. La rivière scintillait par intervalles mais, par cette nuit sans étoiles, il était impossible de distinguer l'eau de la végétation. Rien ne bougeait, on n'entendait aucun bruit. Je ressentis un petit pincement au coeur lorsque la cloche de l'église sonna une heure.»
Jack son frère cadet, un arriviste ambitieux, cherche à lui faire vendre pour qu'ils puissent se partager un argent nécessaire à assouvir ses ambitions politiques.
A la mort de leur père auquel elle était très attachée, elle s'éloigne de sa mère qui couve Jack à l'étouffer. Maria ressent très tôt la différence entre « eux » et « elle ».
Dès qu'elle en a l'occasion, elle se réfugie à la ferme de son oncle et chez Eric un ami de la famille chez lesquels elle trouve une résonnance à ses convictions humanistes et poétiques.
C'est cette différence dans la perception des choses et des personnes qui ressurgira des années plus tard.
Alors qu'autour d'Eel House des meurtres d'animaux, égorgés selon le rite Hallal, surviennent et que des cambriolages ayant pour objet des vols de documents d'identité se multiplient, Maria est amenée à rencontre Ben un jeune Tamoul, médecin, qui a fui le Sri Lanka pour éviter la conscription et une guerre sanglante.
Le roman se déroule en trois parties portées chacun par la voix d'une femme qui a un lien avec Ben.
Le contraste est violent entre cette relation qui s'appuie sur la recherche de la compréhension de l'autre et le refus par tous les autres personnages de l'empathie et de la compassion envers un étranger, quelle que soit son origine, son histoire et sa situation, seulement parce qu'il est étranger.
Le côté désespérant du roman réside dans cette opposition qui semble irréductible et tend à montre qu'il n'y a jamais ni gagnants ni perdants.
L'espoir, lui, vient de la capacité des humains à partager leurs chagrins, à bannir le mensonge, à lâcher prise comme dit Eric.
Un roman à lire absolument.
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